Un scénario épique se déroule dans le royaume enchanté des généraux, où l’illusion se mêle à l’arrogance vide et à l’ego démesuré. Tel le courageux petit poucet face aux géants, ce système chancelant se débat telle une souris face à un lion affamé, ou pire encore, telle une mite hypnotisée par la lueur du feu, avant d’être réduite en cendres par les feux de sa propre folie destructrice.
Nos valeureux désirs, ces vaillants chevaliers aux rêves de grandeur, tentent vaillamment de forger une épopée glorieuse qui n’a jamais appartenu à notre histoire. Ils se plaisent dans leur réalité alternative, où ils sont les seigneurs de l’Afrique et le pilier inébranlable de la scène mondiale.
Pendant ce temps, nous lançons de fastueuses célébrations populaires pour célébrer l’inauguration de salles de bains, et nos applaudissements retentissent pour les marginaux. Car de la naissance de notre nation à ce jour, nous avons réussi à concevoir des tables d’école 100% algériennes.
Enfin, à part pour être scrupuleusement honnêtes, il convient de souligner que la paternité de ces œuvres n’est pas strictement algérienne. Car en vérité, la majorité de nos travailleurs, artisans et industriels sont les étoiles invitées, en provenance de nos voisins, d’Asie, d’Afrique et d’Europe de l’Est. Il n’est donc pas surprenant que notre pays soit devenu un creuset génétique où se mêlent les traits des races, où les yeux clairs se fondent avec les peaux sombres, qu’on retrouve aussi bien dans nos décharges que devant nos lieux de culte et de recueillement.
Imaginez, chers compatriotes délaissés, un titre inhabituel, une première page empreinte d’audace, proclamant : « L’Algérie souhaite ardemment contribuer activement au développement du groupe BRICS ». Oui, oui, vous avez bien lu, chers citoyens algériens qui ne récoltent pas ce qu’ils sèment, ne portent pas ce qu’ils cousent et ne lisent pas ce qu’ils écrivent. Oui, l’Algérie, ce pays qui, bien qu’il peine à fabriquer une simple aiguille, réussit quotidiennement à éteindre les lumières du progrès sur tout son territoire. Là où même l’eau a la bonne idée de faire défaut, juste pour nous rappeler que nous avons l’art du dénuement jusqu’au bout. Eh bien, figurez-vous que l’Algérie souhaite maintenant apporter sa touche de magie au groupe « BRICS ». Et comme si cela ne suffisait pas, notre ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, un brin farfelu essaie d’envoyer le message que c’est le groupe BRICS qui obtiendra le gros lot en nous accueillant dans leur club huppé. Oui, chers compatriotes, nous sommes désormais l’extraterrestre de ce groupe, en train de chantonner désespérément hors de la chorale. Nous avons généreusement abaissé nos standards pour collaborer avec ce groupe en détresse, afin de leur faire bénéficier de notre sagesse supérieure et de notre économie phénoménale, dans le but noble de les libérer de leur malheureuse crise. Une perle de sagesse du ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf : « L’Algérie aspire à apporter une assistance de qualité aux activités du groupe BRICS, pour servir les nobles objectifs de paix, de sécurité, de développement et de prospérité régionale et internationale. » Étonnant, n’est-ce pas ? Il faut croire qu’ils n’ont pas appris le sens de la honte. Avec cette approche conquérante et une telle confiance débordante, il est fort probable que toutes les portes des alliances se ferment devant ce groupe aux ambitions démesurées, laissant ces pauvres impuissants seuls face à leurs chimères délirantes…