La tension est montée d’un cran entre Donald Trump et Elon Musk. Le 5 juin, sur sa plateforme Truth Social, le président américain a vivement attaqué le patron de Tesla et SpaceX, le qualifiant de « fou » et affirmant qu’il avait « complètement perdu la tête ». Ces propos virulents font suite à une série de critiques publiques émises par Musk, qui a contesté certaines affirmations de Trump et qualifié plusieurs de ses déclarations de « fausses » ou « absurdes ».
Mais les attaques ne se sont pas arrêtées là. Trump a évoqué la possibilité de couper tous les liens économiques entre l’État fédéral et les entreprises d’Elon Musk. Cette menace inclut la suspension des contrats publics avec SpaceX, ainsi que des aides gouvernementales destinées au développement de ses projets dans le secteur des véhicules électriques. Un tel scénario représenterait pour Musk des pertes financières majeures, de l’ordre de plusieurs milliards de dollars.
Dans cette escalade verbale, une figure emblématique de l’entourage trumpiste est venue jeter de l’huile sur le feu. Steve Bannon, ancien stratège en chef de la Maison Blanche et animateur du podcast War Room, a plaidé pour une mesure radicale : l’expulsion pure et simple d’Elon Musk.
Lors de son émission du 6 juin, Bannon a suggéré d’ouvrir une enquête sur le statut migratoire du milliardaire sud-africain, insinuant que Musk pourrait avoir contourné certaines procédures lors de sa naturalisation. Il a exigé que le ministère de la Sécurité intérieure examine cette piste et a appelé Donald Trump à “reprendre le contrôle” face à ce qu’il a qualifié de “comportement anti-américain” de Musk.
Plus inquiétant encore, Bannon a proposé d’invoquer le Defense Production Act, une loi datant de la guerre de Corée, qui permet au président d’ordonner la réquisition de ressources industrielles pour la sécurité nationale. Il a suggéré que cette loi soit utilisée pour mettre SpaceX sous contrôle gouvernemental, notamment en raison de son partenariat stratégique avec la NASA.
Cette nouvelle phase du bras de fer entre Trump et Musk marque une rupture totale entre deux figures qui ont longtemps entretenu une relation ambiguë. Elon Musk, naturalisé américain depuis 2002, était jusque-là considéré comme un interlocuteur privilégié du pouvoir, notamment sur les sujets de l’espace, de l’intelligence artificielle et de l’innovation industrielle.
Mais sa récente prise de distance avec le discours trumpiste, ainsi que ses critiques répétées de la politique américaine, ont fini par faire de lui une cible. Ce conflit soulève de nombreuses questions sur les limites du pouvoir présidentiel face à des personnalités économiques d’envergure mondiale, et sur l’avenir des grandes entreprises technologiques dans un contexte politique de plus en plus polarisé.