Le mercredi 10 septembre 2025, le parquet du Pôle national pour la lutte contre les crimes liés aux technologies de l’information et de la communication auprès du tribunal de Dar el-Beïda à Alger a requis la peine maximale de 20 ans de prison ferme et une amende de 10 millions de dinars algériens, conformément à l’article 13 de la loi sur la répression de la spéculation illégitime, contre quatre accusés dans l’affaire d’incitation à la spéculation sur la récolte de pommes de terre dans la wilaya de Mostaganem.
Pour la première fois, quatre suspects en détention – deux agriculteurs de la capitale de la wilaya, un courtier et l’auteur de la vidéo diffusée sur TikTok – ont comparu devant la justice. La vidéo, filmée délibérément sur le lieu du délit, montre les agriculteurs incités, Ch. O. Abdelkader et Gh. El Eid, exhortant à la spéculation sur la pomme de terre avec un ton virulent, menaçant d’agressions quiconque récolterait ou vendrait le produit au prix du marché national de l’époque (54 dinars le kilogramme).
Ces réquisitions font suite à un interrogatoire approfondi des accusés, poursuivis pour menaces et spéculation illégitime. Le procureur de la République a également déposé une plainte écrite pour dommages et intérêts.
Au cours du procès, de nouveaux détails ont émergé. L’accusé principal, Ch. Abdelkader, a avoué avoir fait appel à un journaliste accrédité d’une chaîne nationale pour diffuser officiellement la vidéo contre 10 000 dinars, afin de dénoncer le monopole des courtiers qui, selon lui, causent de lourdes pertes aux agriculteurs en achetant la pomme de terre aux grossistes à bas prix (45-50 dinars) pour la revendre au public jusqu’à 160 dinars, les empêchant de vendre ne serait-ce qu’une seule pomme de terre pendant des semaines.
Pleurant devant le juge, il a expliqué que l’agriculteur s’épuise du semis à la récolte, avec des coûts exorbitants comme l’engrais, pour voir le courtier empocher les profits. Cette frustration l’a poussé à publier la vidéo pour alerter les autorités algériennes. Le juge lui a rappelé qu’une intention louable aurait dû passer par une plainte légale auprès des services de sécurité ou du parquet de Mostaganem, soulignant que cette action visait délibérément à créer une pénurie nationale, rendant l’État incapable de fournir la pomme de terre aux citoyens. Il a ajouté que les agriculteurs ne sont pas obligés de traiter avec les courtiers, qualifiant l’excuse d’exagérée.
L’accusé Gh. El Eid a reconnu ses menaces dans la vidéo contre toute récolte ou vente à 54 dinars, mais a précisé qu’elles visaient uniquement les courtiers. Le troisième, El Arabi Ch. J., un entrepreneur d’une entreprise, a plaidé qu’il était ivre et s’est joint par hasard à un rassemblement d’agriculteurs, surpris d’être impliqué. Le quatrième, Harith B. Dh., a admis avoir filmé avec son téléphone et publié sur TikTok, mais nie les autres vidéos, accusant d’autres présents d’en être responsables pour esquiver la peine.
Cette affaire, qui a fait scandale sur les réseaux sociaux en avril 2025 après la diffusion d’une vidéo virale d’un agriculteur appelant à ne pas récolter la pomme de terre, a entraîné une enquête préliminaire aboutissant à l’arrestation des suspects sur place.
