Il n’a que 21 ans, mais Emmanuel Wanyonyi semble déjà destiné à régner sur le demi-fond mondial. Le Kényan a remporté samedi la finale du 800 m des Championnats du monde à Tokyo en 1’41’’86, établissant un nouveau record des Mondiaux, et devançant de justesse l’Algérien Djamel Sedjati (1’41’’90) et le Canadien et champion du monde en titre Marco Arop (1’41’’95).
Dès les premiers mètres, Wanyonyi impose son tempo : un départ explosif qui met ses rivaux sous pression. Derrière, l’Espagnol Mohamed Attaoui, réputé pour son finish ravageur, tente de rester dans le rythme, mais la vitesse du Kényan est irrésistible. Après un passage en 49’’27 à la cloche, Wanyonyi accélère dans la ligne droite opposée, résistant au retour d’Arop et de Sedjati. Attaoui, longtemps dernier, ne peut rivaliser et termine cinquième (1’42’’21), dépassé de justesse par l’Irlandais Cian McPhillips, auteur d’un nouveau record national (1’42’’15).
Mais derrière ce triomphe se cache une histoire de résilience et de dépassement. Né en 2004 dans un petit village au nord-ouest de Nairobi, Wanyonyi grandit dans l’extrême pauvreté, cinquième d’une fratrie de onze enfants. Dès son plus jeune âge, il devient berger pour subvenir aux besoins de sa famille et suspend ses études. La mort tragique de son père à 14 ans aurait pu briser ses rêves, mais c’est la course à pied qui lui offre une échappatoire et un avenir.
L’été 2024 marque l’explosion de son talent : il pulvérise son record personnel à 1’41’’70 lors des sélections kényanes et l’améliore encore à 1’41’’58 au meeting de Paris, avant de s’imposer aux Jeux olympiques en 1’41’’19, devenant le troisième meilleur performeur de l’histoire derrière David Rudisha et Wilson Kipketer.