En Algérie, cette terre sous le joug de l’oppression et la pays des esclaves du colonialisme français, un jeune d’Alger a entendu le Coran résonner dans une maison, une rareté dans notre pays ravagé par la déchéance morale. Surpris, il s’interroge : « Y a-t-il un mort dans cette maison ? » Un vieillard, témoin de sa question, lui répond avec amertume : « Pas de mort ici, mais les morts, ce sont nos cœurs, le tien et le mien, quand nous avons réduit le Coran aux funérailles, aux pleurs et aux cérémonies. Cette scène révèle crûment une réalité tragique sous la férule des militaires : la religion, bannie de nombreux pans de notre vie, est cloîtrée dans les mosquées, ses enseignements limités à la prière, au jeûne et aux obsèques, ou utilisée pour bénir des mariages temporaires qui masquent la débauche.
Pendant six décennies, avant l’ère des réseaux sociaux, les généraux ont cédé les médias et la scène culturelle aux communistes, ennemis jurés de l’islam. Leur pensée toxique s’est propagée dans une société fragile, s’infiltrant dans ses entrailles, pervertissant sa culture et ses convictions. Ainsi, l’athéisme, les insultes à la divinité et les relations immorales sont devenus un vécu quotidien, non seulement chez l’élite occidentalisée, mais dans toutes les strates sociales. Entre prétendues libertés de croyance, de genre et de corps, des générations entières se sont égarées. Beaucoup traitent l’islam comme les chrétiens leur religion déformée : une heure par semaine à la mosquée, traînant des pieds pour marquer une présence, attendant impatiemment la fin pour reprendre une vie où seule compte la bière, les pilules hallucinogènes, les contraceptifs pour accentuer la féminité, ou une épouse se livrant à la prostitution pour subvenir aux besoins du foyer.
Même parmi ceux qui observent les cinq prières à la mosquée, certains embrassent la laïcité dès qu’il s’agit du licite et de l’illicite. Ils s’intéressent aux règles de la charia pour la prière, les funérailles ou ce qui annule les ablutions, mais restent indifférents aux transactions usuraires ou à l’usurpation des biens des orphelins, courant après leur intérêt immédiat. Lorsqu’on les admoneste sur ces interdits, ils s’irritent : « Vous êtes tous des muftis maintenant ! Vous interdisez tout ! » Même face à des péchés unanimement condamnés comme l’usure, l’adultère ou la fornication.
Le Coran n’a plus de place dans la vie de nombreux Algériens, sauf lors des funérailles, pour réciter la Fatiha dans des mariages temporaires ou coutumiers qui couvrent l’adultère et la corruption. Il n’occupe plus nos foyers, réduit à des exemplaires ornant les étagères, des calligraphies accrochées près des portraits du président Tebboune, ou des amulettes suspendues dans les voitures et autour des cous pour repousser le mauvais œil. Depuis l’ère du défunt Boumédiène, les généraux ont bel et bien réussi à éradiquer l’islam de nos vies.
