Kinshasa, 30 septembre 2025 – La République démocratique du Congo (RDC) a basculé ce mardi dans une nouvelle page de son histoire politique. L’ancien président Joseph Kabila, âgé de 54 ans, a été condamné à mort par la Haute Cour militaire, qui l’a reconnu coupable de crimes de guerre, de terrorisme, de trahison et de complicité avec le mouvement rebelle M23, soutenu selon Kinshasa par le Rwanda.
Reporté à plusieurs reprises, le procès très médiatisé de l’ex-chef d’État s’est achevé par un verdict lourd de conséquences. Outre la peine capitale, la justice a ordonné son arrestation immédiate et la saisie de ses avoirs bancaires. Les parties civiles réclament également près de 46 milliards de dollars de réparations.
Kabila était poursuivi pour une série d’accusations, allant du viol et du meurtre à l’appartenance à un mouvement insurrectionnel, en passant par la complicité avec le Rwanda dans la déstabilisation de l’est du pays, riche en minerais stratégiques. Selon l’accusation, l’ancien président aurait collaboré avec les rebelles du M23, qui se sont emparés de plusieurs villes depuis janvier, mettant en péril l’autorité du pouvoir central.
Joseph Kabila, qui rejette l’ensemble des charges, a dénoncé un procès « arbitraire » et une instrumentalisation politique de la justice par son successeur Félix Tshisekedi. Dans une vidéo publiée en mai, puis supprimée de YouTube, il avait accusé le gouvernement congolais d’être une « dictature » et évoqué un « déclin de la démocratie » dans le pays.
Ses proches dénoncent un procès « politique ». Ferdinand Kambere, ancien cadre du PPRD, a accusé le pouvoir d’utiliser la justice comme une arme pour écarter Kabila de la vie politique. Emmanuel Ramazani Shadary, autre fidèle, a parlé d’un « théâtre » dont l’issue était connue d’avance.
À l’inverse, le vice-ministre de la Justice Samuel Mbemba a répliqué :« La justice ne négocie pas, elle ne dialogue pas. Le calendrier de la justice est différent du calendrier politique. »
L’ONU et plusieurs pays occidentaux avaient depuis longtemps mis en garde contre l’implication du Rwanda dans le conflit, accusant Kigali de soutenir militairement le M23. Kigali a toujours nié, affirmant agir pour protéger ses frontières. Ce verdict pourrait donc aggraver les tensions régionales et fragiliser davantage l’équilibre précaire de la RDC.
L’ancien président, qui a dirigé le pays de 2001 à 2019 après l’assassinat de son père Laurent-Désiré Kabila, vivait en exil en Afrique du Sud avant de réapparaître à Goma, en mai dernier. Depuis, son emplacement exact demeure incertain.