L’Espérance Sportive de Tunis a officialisé le retour de Youssef Msakni par une courte vidéo sur sa page officielle, accompagnée du message : « Notre artiste est de retour, que le spectacle commence ! » Mais derrière le clin d’œil médiatique, la réalité est plus nuancée.
Ce retour n’est pas un caprice de prestige. Il répond à une urgence. Youcef Belaïli, ailier vedette et moteur de l’équipe, est écarté des terrains pour plusieurs mois après une rupture des ligaments croisés et du ménisque lors du derby contre le Club Africain. Six à huit mois d’absence minimum. Un cataclysme pour l’EST.
Pour combler le vide, le club n’a pas sorti un plan B mûri depuis des mois. Non. Il a sorti la carte nostalgie, format XXL. Msakni, 35 ans, huit saisons passées au Qatar, revient comme on ressort une vieille icône du placard quand la maison brûle.
Et le plus cruel dans tout ça , L’image de Belaïli, depuis son lit d’hôpital à Doha, en visio avec son « successeur ». L’Algérien, sourire forcé, souhaite la bienvenue à celui qui va occuper sa place pendant qu’il souffre en silence. Fraternel en apparence, symboliquement assassin. « Merci frérot, repose-toi bien… on a trouvé quelqu’un pour faire ton boulot. »Ce n’est pas un passage de témoin. C’est un remplacement sous anesthésie.2025 n’est pas 2011. Le Msakni qui débarque n’est plus le feu-follet qui faisait trembler l’Afrique avec l’EST, ni le capitaine qui portait la Tunisie à bout de bras. C’est un joueur de 35 ans formé à la douceur qatarie, où le pressing ressemble souvent à une promenade digestive et où les chocs physiques sont rares.
Le championnat tunisien, lui, n’a pas changé : c’est toujours une guerre de tranchées, un sport de contact où l’on tape, où l’on court, où l’on ne pardonne rien. Demander à ce corps-là de remplacer Belaïli, joueur explosif et imprévisible, capable de transformer n’importe quel match en récital, relève de l’illusionnisme le plus risqué.
Belaïli n’était pas un simple ailier. C’était le détonateur, le facteur X, le joueur qui rendait une équipe moyenne terrifiante. Son absence laisse un vide béant que personne à l’EST n’avait anticipé. Pas de plan de succession, pas de stratégie réfléchie… juste un silence assourdissant, suivi d’un coup de théâtre médiatique.
l’EST tente un tir de loin pour sauver le match… mais le gardien adverse, lui, est bien en place.


























