ohannesburg, 29 novembre 2025 – En pleine tourmente politique et judiciaire, Duduzile Zuma-Sambudla, fille aînée de l’ancien président sud-africain Jacob Zuma, a démissionné vendredi de son mandat de députée au Parlement. Cette décision, annoncée par son parti uMkhonto weSizwe (MK) – fondé par son père –, survient au milieu d’accusations explosives : elle aurait été impliquée dans le recrutement frauduleux d’au moins 17 (certaines sources évoquent 18 ou 24) jeunes Sud-Africains, piégés et contraints de combattre aux côtés des forces russes dans la guerre en Ukraine.
Tout commence comme une opportunité en or pour des jeunes hommes souvent marginalisés par le chômage endémique en Afrique du Sud. Au printemps 2025, des recruteurs – dont Duduzile Zuma-Sambudla est accusée d’être un maillon clé – contactent des sympathisants ou membres du MK, âgés de 19 à 40 ans. La promesse ? Une formation rémunérée de « garde du corps » ou de « contre-espionnage » en Russie, censée servir les intérêts du parti ou des missions privées de sécurité. Billets d’avion payés, visas facilités, départ depuis l’aéroport OR Tambo de Johannesburg le 8 juillet.
À Moscou, la réalité bascule. Les arrivants se voient remettre des contrats de plusieurs dizaines de pages, rédigés exclusivement en russe – une langue que la plupart ne maîtrisent pas. Sous pression, et parfois après l’intervention rassurante de Duduzile Zuma-Sambudla elle-même, venue sur place selon des témoignages recueillis par la presse, ils signent. Direction : la région séparatiste du Donbass, en Ukraine orientale, théâtre des combats les plus intenses de la guerre russo-ukrainienne.
Là, l’enfer s’ouvre. Uniformes russes, armes imposées, ordres hurlés en cyrillique. Refuser de combattre ? Menace de cour martiale ou d’exécution sommaire. Les recrues sud-africaines, traitées comme de la « chair à canon », dorment dans des bunkers forestiers, opèrent des canons et esquivent des attaques de drones à seulement 8-10 kilomètres de la ligne de front.
Parmi les victimes, huit seraient des membres de la famille élargie des Zuma, selon Nkosazana Zuma-Mncube, demi-sœur de Duduzile, qui a déclenché l’affaire en déposant plainte. Le gouvernement sud-africain a confirmé début novembre avoir reçu des appels au secours de 17 citoyens piégés dans le Donbass, après avoir été « trompés sous prétexte de contrats lucratifs ».
Duduzile riposte immédiatement par une contre-plainte pour diffamation. Dans son affidavit, elle nie toute intention criminelle : « Je pensais qu’il s’agissait d’une formation légale. J’ai moi-même suivi un stage non militaire en Russie. Je suis profondément choquée et je suis victime de manipulation. Je n’exposerais jamais ma famille au danger. » Elle admet avoir partagé l’information avec des proches, mais jure ignorer le piège tendu par des intermédiaires russes.
Les Hawks ont ouvert une enquête conjointe pour trafic d’êtres humains, recrutement illégal, exploitation et fraude. « Nous examinons si des actes criminels ont été commis », ont-ils déclaré sobrement.
Vendredi, lors d’une conférence de presse à Durban, Nkosinathi Nhleko, président par intérim du MK, a annoncé la nouvelle avec un communiqué guindé : « La camarade Duduzile Zuma-Sambudla a soumis sa démission de l’Assemblée nationale et de tous ses postes publics avec effet immédiat. Le parti accepte cette décision personnelle et soutient ses efforts pour ramener sains et saufs ces jeunes Sud-Africains auprès de leurs familles. »
Nhleko insiste : le MK n’a « aucun lien » avec le recrutement, et la démission n’est « pas un aveu de culpabilité ». Duduzile, présente mais muette, n’a pas pris la parole. Son père, Jacob Zuma – 83 ans, figure controversée de la politique sud-africaine –, reste invisible depuis l’éclatement de l’affaire, un silence rare pour cet habitué des provocations médiatiques.
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Pourtant, le scandale met Pretoria sous les feux des projecteurs. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andrii Sybiha, a révélé ce mois-ci que plus de 1 400 Africains de 36 pays combattaient aux côtés des Russes, appelant les gouvernements à alerter leurs citoyens contre ces pièges. Des cas similaires ont été signalés au Botswana voisin, élargissant l’ombraque des réseaux russes en Afrique australe.


























