Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé jeudi la nomination du général de division Roman Gofman à la tête du Mossad, le service de renseignement extérieur d’Israël. Cette décision, qui prendra effet en juin 2026, succède à la nomination controversée de David Zini au poste de directeur du Shin Bet, le service de sécurité intérieure, et confirme la volonté de Netanyahu de placer à la tête des deux principaux services de sécurité des officiers issus des unités de combat, sans passé dans le renseignement, mais jugés loyaux et proches idéologiquement de lui.
Roman Gofman, 49 ans, est né en 1976 à Minsk, en Biélorussie soviétique. Arrivé en Israël à l’âge de 14 ans avec sa famille, il s’engage dans l’armée israélienne en 1995 et rejoint immédiatement les brigades blindées. Il gravit rapidement les échelons : commandant de compagnie, de bataillon, puis de brigade — notamment la 7e brigade blindée — avant de devenir commandant du centre national d’entraînement au combat de l’infanterie (Tze’elim) en 2021. Sa carrière militaire est marquée par sa participation directe aux opérations de combat et par sa réputation d’officier courageux et discipliné.
Le 7 octobre 2023, lors de l’attaque massive du Hamas dans le sud d’Israël, le général Gofman, alors en permission, se porte volontaire pour rejoindre le front. Il est gravement blessé par un tir de RPG lors des combats autour du kibboutz Be’eri et passe plusieurs mois en rééducation. Quelques mois après sa guérison, il est nommé attaché militaire au cabinet du Premier ministre en avril 2024, un poste traditionnellement réservé à des officiers jugés particulièrement loyaux envers le chef du gouvernement.
Cette nomination marque une rupture historique dans la tradition du Mossad. Tous les directeurs précédents, de Shabtai Shavit à David Barnea, avaient été formés au sein du service ou dans des unités de renseignement militaire comme l’unité 8200. Gofman, en revanche, n’a jamais recruté d’agents, jamais géré de sources à l’étranger et n’a jamais participé à une opération de renseignement. Selon Uri Misgav, éditorialiste du quotidien Haaretz, « nommer un blindé à la tête du Mossad parce qu’il est blessé le 7 octobre et qu’il pense comme le patron, c’est transformer un service d’élite en garde prétorienne ».
Malgré les inquiétudes exprimées par certains analystes et anciens responsables du Mossad, la nomination n’a pas suscité de réaction officielle importante de l’opposition. Le chef de l’opposition Yaïr Lapid s’est contenté d’un tweet laconique : « Après le Shin Bet, le Mossad. La sécurité d’Israël n’est plus une priorité, seule compte la survie politique de Netanyahu. »
Dans les cercles sécuritaires et à la Knesset, on murmure que, pour la première fois, deux des trois grands services de renseignement (Shin Bet et Mossad) seront dirigés par des officiers sans expérience spécifique du renseignement, tous deux proches idéologiquement de Netanyahu et tous deux blessés lors des événements du 7 octobre 2023. Certains experts craignent que cette orientation compromette la crédibilité internationale du Mossad et la confiance de ses partenaires à l’étranger.
Le bureau du Premier ministre a toutefois défendu le choix de Gofman, soulignant sa bravoure, ses décorations et son expérience au combat, et assurant que sa nomination « garantit la continuité de la lutte implacable contre les menaces existentielles qui pèsent sur l’État d’Israël ». D’ici sa prise de fonction le 1er juin 2026, le général suivra un stage accéléré au sein du Mossad afin de se familiariser avec le monde du renseignement, qu’il n’a jamais pratiqué.

























