Bruxelles, 5 décembre 2025 – Le prochain sommet européen des 18 et 19 décembre s’annonce explosif. Au centre des débats : un prêt exceptionnel de 140 milliards d’euros à l’Ukraine, financé sur les actifs souverains russes gelés depuis 2022. Un projet porté tambour battant par la Commission européenne et soutenu par Paris et Berlin… mais qui se heurte à un obstacle inattendu : la Belgique.
Son Premier ministre, Bart De Wever (N-VA), refuse catégoriquement que son pays assume seul le risque juridique et financier d’une telle opération. Et pour cause : sur les 210 milliards d’euros d’avoirs russes bloqués en Europe, 185 milliards dorment chez Euroclear, la chambre de compensation basée à Bruxelles. La Belgique détient donc l’essentiel du magot.
« Le dispositif proposé est fondamentalement erroné », écrit De Wever à Ursula von der Leyen. Traduction : tant que les Vingt-Sept ne garantissent pas formellement de mutualiser d’éventuelles condamnations – Moscou ayant déjà promis de poursuivre quiconque toucherait à ses fonds –, Bruxelles ne bougera pas.
Le problème est simple mais délicat. Geler des actifs est une chose ; les confisquer ou les utiliser comme garantie d’un prêt en est une autre. Juridiquement, l’opération frôle l’expropriation sans compensation. Moscou a déjà multiplié les procédures devant ses tribunaux, et Euroclear prévient : « La probabilité de décisions défavorables reste élevée ». En cas de condamnation, c’est la Belgique qui serait en première ligne, exposée à des réclamations colossales.
Pour l’instant, l’UE avait trouvé un compromis élégant : ponctionner uniquement les intérêts générés par ces avoirs gelés – plusieurs milliards par an – considérés comme des « fruits civils » séparables du capital. Une astuce juridique permettant de financer Kiev sans toucher au principal. Mais les besoins explosent, et les caisses européennes montrent des signes de fatigue. D’où l’idée, beaucoup plus audacieuse, d’un méga-prêt adossé aux 210 milliards eux-mêmes.
Paris pousse, Berlin suit – Friedrich Merz a même annulé un déplacement en Norvège vendredi pour plaider la cause à Bruxelles auprès de De Wever et von der Leyen – mais rien n’y fait. Le leader nationaliste flamand campe sur ses positions : pas question que la Belgique devienne le fusible de l’Europe. Lors du dernier Conseil à Copenhague, il avait laissé entrevoir un accord… à condition d’obtenir une clause de solidarité contraignante. Personne n’a signé.
Le temps presse. Les sanctions sur les avoirs russes doivent être renouvelées tous les six mois à l’unanimité. La prochaine échéance tombe en janvier. Si Budapest, encore proche de Moscou, décide de jouer les trouble-fête, tout l’édifice s’effondrerait et les fonds seraient automatiquement dégelés.
Entre le devoir de soutenir l’Ukraine et la nécessité de préserver la crédibilité juridique de l’Union – réputée sûre grâce à son État de droit –, le dilemme est cornélien. Pour l’instant, un seul homme à Bruxelles détient le sort de 140 milliards d’euros entre ses mains.

























