L’événement se voulait sportif et populaire. Il s’est transformé en affaire judiciaire. En Iran, deux personnes ont été arrêtées après la participation de femmes non voilées au marathon de Kish, organisé vendredi 5 décembre sur cette île touristique du Golfe persique. La justice a qualifié les faits d’« indécence ».
Selon l’agence Mizan, liée au pouvoir judiciaire, les deux arrêtés sont un fonctionnaire de la zone franche de Kish et un membre de la société privée chargée de l’organisation de la compétition. Les poursuites ont été engagées après la diffusion sur les réseaux sociaux d’images montrant des athlètes féminines sans voile.
Plus de 5 000 coureurs et coureuses avaient pris part à l’événement, dont plusieurs courses spécifiquement réservées aux femmes. C’est la présence de femmes non voilées, pourtant fréquent dans la vie quotidienne à Téhéran, qui a provoqué l’ire des autorités conservatrices.
« La manière dont l’événement s’est déroulé était contraire à la décence », a affirmé vendredi soir le procureur de Kish.
L’agence Tasnim, proche des courants conservateurs, a dénoncé « l’absence totale de surveillance » et le non-respect des règles vestimentaires.
Depuis la Révolution de 1979, le port du voile (hijab) est obligatoire dans l’espace public en Iran. En théorie seulement : dans les grandes villes, surtout depuis le mouvement « Femme, Vie, Liberté » en 2022, les femmes sont de plus en plus nombreuses à sortir tête nue.
Ce changement sociétal s’est accéléré après la fin de la guerre de juin 2025 contre Israël. À Téhéran, il n’est pas rare de voir des femmes en tenue de sport légère dans la rue.
Mais pour les milieux conservateurs, le marathon est un « signe alarmant » d’une « occidentalisation » jugée menaçante. Le terme « nudité » a même été employé par certains clercs pour qualifier la tenue des sportives.
Le dossier relance la querelle politique sur le voile. Le président Massoud Pezeshkian défend le principe d’un choix individuel. Au contraire, une majorité de députés accuse la justice de « laxisme ».
Le chef du pouvoir judiciaire, Gholamhossein Mohseni Ejeï, a appelé une nouvelle fois à « davantage de fermeté ». Ces derniers mois, cafés et restaurants ont été fermés pour non-respect du hijab, mais plusieurs concerts et expositions ont pu accueillir des spectatrices non voilées, signe de la fracture interne du régime.























