Les cours du pétrole ont débuté la semaine sur une légère baisse, les signaux d’une offre excédentaire se multipliant malgré un contexte géopolitique particulièrement volatile. Vers 10h30 GMT ce lundi 8 décembre 2025, le Brent pour livraison en février oscillait entre 63,60 et 63,87 dollars le baril, légèrement en recul de 0,23 % par rapport à vendredi, poursuivant une tendance baissière de 0,71 % sur le mois et de 11,83 % sur un an. Le WTI pour livraison en janvier se situait entre 59,70 et 60,07 dollars le baril, quasi stable (-0,02 %), tout en affichant une progression de 0,82 % observée lors de certains échanges anticipés. Sur un an, il accuse toutefois une baisse de 12,14 %.
Ces niveaux restent proches des pics atteints ces deux dernières semaines, témoignant d’un marché encore soutenu par le risque géopolitique, mais freiné par la crainte persistante d’une surproduction. Les analystes, dont Arne Lohmann Rasmussen (Global Risk Management) et Bjarne Schieldrop (SEB), pointent notamment un record historique du pétrole transporté en mer. Une grande partie de ce brut, russe ou iranien, circule hors sanctions par transferts navire à navire et mélanges avec d’autres cargaisons. Si les stocks terrestres ne s’envolent pas encore, cette « surabondance flottante » exerce une pression évidente sur les prix.
La semaine s’annonce décisive, le marché scrutant les rapports mensuels de l’EIA, de l’AIE et de l’OPEP. Les publications devraient confirmer une dynamique excédentaire persistante. Selon les projections de l’EIA (publication attendue le 9 décembre), les stocks américains devraient à nouveau progresser, après une hausse de +574 000 barils la semaine dernière. Dans le même temps, la production du groupe OPEP+ est anticipée en augmentation d’environ 0,5 Mb/j en 2025 et 2026, même si une pause pourrait être observée jusqu’en mars 2026 pour intégrer une demande saisonnière affaiblie.
Les projections publiées par l’AIE confirment un excédent massif : un surplus mondial de 4,09 Mb/j est attendu en 2026, résultant d’une croissance de l’offre de 3,1 Mb/j en 2025, puis 2,5 Mb/j en 2026. Dans ce contexte, les stocks mondiaux frôlent les 8 milliards de barils, preuve tangible d’un marché saturé. L’OPEP, plus prudente, prévoit un surplus de 20 000 barils/jour en 2026, tout en anticipant une hausse de production d’environ 1,4 Mb/j dès 2025.
Cette accumulation intervient alors que la demande mondiale demeure atone : avec une croissance économique plafonnant à 2,8 %, l’absorption de l’offre reste insuffisante. La demande additionnelle ne devrait pas dépasser 700 000 barils/jour sur 2025-2026, notamment freinée par le ralentissement de l’adoption des véhicules électriques aux États-Unis.
Pour autant, ces signaux structurellement baissiers ne suffisent pas à entraîner une chute durable des cours. Le risque géopolitique joue ici le rôle d’amortisseur. Les tensions croissantes entre les États-Unis et le Venezuela menacent directement la production vénézuélienne (1,1 Mb/j) : toute escalade militaire propulserait les prix à la hausse. À cela s’ajoute l’incertitude persistante autour de la guerre en Ukraine. Un règlement rapide relancerait les exportations russes et exercerait une pression baissière. Mais l’absence de progrès diplomatiques maintient une volatilité structurelle et empêche le marché de trouver un ancrage durable


























