Bangkok/Phnom Penh, 9 décembre 2025 – Les affrontements le long de la frontière contestée entre la Thaïlande et le Cambodge se sont intensifiés pour un deuxième jour consécutif, transformant une région paisible en zone de guerre. Ce regain de violence, qui touche désormais plusieurs secteurs de la ligne frontalière de 800 km, met en péril l’accord de cessez-le-feu signé fin octobre sous l’égide du président américain Donald Trump et du Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim. Malgré les appels internationaux à la désescalade, les deux pays s’accusent mutuellement d’agressions, jurant de défendre leur souveraineté « par tous les moyens ».
Le bilan humain est lourd et continue de s’alourdir : la Thaïlande déplore trois soldats tués et 68 blessés depuis dimanche, tandis que le Cambodge fait état d’au moins neuf civils tués et vingt blessés. Des dizaines de milliers de familles ont fui leurs villages, cherchant refuge dans des abris temporaires, des pagodes ou des bunkers improvisés. Dans les provinces de Preah Vihear et d’Oddar Meanchey, le déplacement des populations atteint des proportions massives : plus de 385 000 personnes affectées des deux côtés de la frontière.
Les affrontements ont commencé près du temple de Preah Vihear – site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et revendiqué par les deux nations – et se sont étendus à d’autres fronts, notamment dans la province de Trat, au sud. Les forces thaïlandaises ont mené des frappes aériennes contre des positions militaires présumées, que Phnom Penh dénonce comme des attaques ciblant également des civils.
À l’origine de ce conflit séculaire, la contestation d’une frontière héritée de la colonisation française, enrichie par des enjeux de ressources naturelles et de symboles culturels. Les précédents affrontements sporadiques ont culminé en juillet dernier avec un conflit de cinq jours, faisant 48 morts et déplaçant 300 000 personnes. L’accord de cessez-le-feu d’octobre, déjà fragilisé, a été suspendu par Bangkok après l’explosion d’une mine antipersonnel, que le Cambodge réfute.
La communauté internationale reste mobilisée : les États-Unis appellent à l’arrêt immédiat des hostilités et déconseillent tout déplacement dans un rayon de 50 km de la frontière, tandis que l’ASEAN tente de favoriser des négociations. Les analystes avertissent qu’une escalade prolongée pourrait déstabiliser l’ensemble de la péninsule indochinoise, fragilisée par des tensions économiques et climatiques.
Pour l’heure, les civils continuent d’être évacués, mais tant que l’artillerie tonne et que les jets survolent la région, l’espoir d’une paix durable reste précaire.


























