Un avion de transport militaire C-130 de l’armée de l’air nigériane, avec à son bord 11 membres d’équipage (deux pilotes et neuf militaires), a été libéré par les autorités burkinabè le 18 décembre 2025, après une rétention de dix jours à l’aéroport de Bobo-Dioulasso.
L’appareil, qui avait décollé de Lagos et était en route vers le Portugal pour une maintenance périodique programmée, a effectué un atterrissage d’urgence le 8 décembre 2025 en raison d’un problème technique détecté en vol. Selon les autorités nigérianes, cette décision respectait strictement les protocoles internationaux de sécurité aérienne, l’aéroport de Bobo-Dioulasso étant le plus proche disponible.
Cependant, l’Alliance des États du Sahel (AES), regroupant le Burkina Faso, le Mali et le Niger, a immédiatement dénoncé une violation de l’espace aérien burkinabè. Dans un communiqué conjoint diffusé le soir même sur les télévisions publiques des trois pays, l’AES a qualifié cet incident d’« acte inamical » et annoncé l’ouverture d’une enquête. Celle-ci a rapidement confirmé l’absence d’autorisation préalable de survol pour cet appareil militaire. En réponse, les défenses aériennes de l’AES ont été placées en alerte maximale, avec autorisation de neutraliser tout aéronef violant l’espace confédéral.
Cet épisode s’inscrit dans un contexte de tensions régionales accrues. L’AES, formée en septembre 2023 et devenue une confédération, s’est retirée de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en janvier 2025, accusant cette organisation – dont le Nigeria est le pilier – d’ingérences et de sanctions inhumaines suite aux coups d’État militaires dans ses États membres. L’incident est survenu peu après l’intervention aérienne nigériane au Bénin voisin, où Abuja a contribué à déjouer une tentative de coup d’État le 7 décembre 2025, alimentant les suspicions au sein de l’AES quant à une possible opération dissimulée.
Des rumeurs et désinformations ont circulé sur les réseaux sociaux, notamment des images générées par intelligence artificielle prétendant montrer une « capture » de l’avion et de son équipage, rapidement démenties par des fact-checkers.
La crise a été désamorcée grâce à une médiation diplomatique de haut niveau. Une délégation nigériane, conduite par le ministre des Affaires étrangères Yusuf Maitama Tuggar, s’est rendue à Ouagadougou le 17 décembre pour rencontrer le président burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré.
Lors de cette audience au palais de Kosyam, Abuja a présenté des excuses officielles pour les irrégularités procédurales dans la demande d’autorisation de survol. Tuggar a reconnu un manquement regrettable, tout en soulignant le caractère purement technique de l’incident et l’absence d’intention hostile. Il a également transmis un message de fraternité du président nigérian Bola Ahmed Tinubu et salué les avancées sécuritaires du Burkina Faso sous la direction de Traoré.
En retour, les autorités burkinabè ont autorisé la libération immédiate de l’équipage et de l’appareil. Les 11 militaires nigérians, qui avaient été bien traités pendant leur rétention selon les deux parties, ont pu être reçus par la délégation nigériane avant de préparer leur départ vers le Portugal pour achever la mission de maintenance.
Cet accord a permis d’apaiser une potentielle escalade et de réaffirmer l’importance du dialogue bilatéral entre les deux nations, malgré les divergences régionales. Les parties ont convenu de consultations régulières pour renforcer leur coopération, notamment dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, et d’explorer des voies de collaboration accrue en matière de sécurité et de développement.


























