La zone à la frontière entre le Yémen et l’Arabie saoudite a connu des tensions entre les rebelles houthis chiites et les forces de la coalition internationale dirigée par l’Arabie saoudite, qui ont également fait des victimes civiles.
Les rebelles chiites houthis avaient déjà accusé la coalition internationale dirigée par l’Arabie saoudite le 25 mai d’avoir mené plus de 48 frappes aériennes contre les régions de Jawf, Ma’rib, Hajjah et Sa’ada, causant des pertes et des blessures. Ces incidents se sont produits après que la coalition saoudienne-émirat a annoncé la prolongation du cessez-le-feu unilatéral dans le pays le 24 avril. Mais, à la fin des deux semaines, la trêve n’a pas été officiellement prolongée ou terminée.
Dans ce contexte, le 26 mai, les rebelles houthis, par leur canal al-Masirah, ont accusé la coalition de lancer 14 frappes aériennes dans les régions de Kataf, Al-Dhahir et Wadi Jarah, dans le gouvernorat de Saada, au-delà celle contre certaines zones situées dans la région de Jizan, au sud-ouest de l’Arabie saoudite. Enfin et surtout, les mêmes sources ont rapporté que les forces saoudo-émiraties avaient mené deux raids dans le gouvernorat de Hajjah et bombardé un district à la frontière, Shada, causant la blessure d’une fille. Cependant, aucun détail supplémentaire n’a été donné sur les pertes parmi les forces rebelles.
Pour sa part, l’agence de presse du Royaume d’Arabie saoudite a rapporté que 3 femmes avaient été blessées à cause des éclats d’un missile lancé par les Houthis depuis l’intérieur du territoire yéménite contre un quartier résidentiel de Jizan. Enfin, le gouvernement yéménite a annoncé avoir intercepté un missile balistique d’origine houthie dans la soirée du 26 mai, lancé contre la province de Ma’rib. Selon le ministère de l’Information, le missile de fabrication iranienne a été intercepté et abattu avant de toucher les quartiers résidentiels du gouvernorat. Pour le gouvernement yéménite, frapper des objets et des sujets civils est une violation du droit international et, par conséquent, la communauté internationale a été invitée à intervenir.
Une source militaire yéménite a révélé plus tard que des attaques de missiles par les rebelles houthis avaient frappé le quartier général du commandement conjoint de l’armée nationale et des forces de la coalition saoudienne, près de Ma’rib, tuant au moins 8 soldats et faisant plusieurs blessés. Le camp touché est Sahnal-Jin, où, selon des sources de l’armée yéménite, Riad a installé un système de défense Patriot, visant à protéger le gouvernorat des missiles balistiques rebelles.
Le conflit civil en cours au Yémen a commencé le 19 mars 2015, lorsque les Houthis ont lancé une offensive pour étendre leur contrôle sur les provinces du sud du Yémen. Les groupes adverses sont d’une part les rebelles chiites, qui contrôlent la capitale Sanaa, alliés des forces fidèles à l’ancien président Ali Abdullah Saleh et soutenues par l’Iran et les milices du Hezbollah. D’autre part, il existe des forces fidèles au président yéménite, Rabbo Mansour Hadi, le seul reconnu par la communauté internationale. L’Arabie saoudite est intervenue dans le conflit pour soutenir Hadi le 26 mars 2015, à la tête d’une coalition également formée des Émirats arabes unis, du Maroc, de l’Égypte, du Soudan, de la Jordanie, du Koweït, de Bahreïn et du Qatar et soutenue, à son tour, par États Unis.
Depuis la mi-janvier 2020, les gouvernorats de M’arib, Jawf et Sana’a assistent à une nouvelle escalade violente. Le 1er mars, les rebelles ont ensuite réussi à conquérir la ville de Hamz, la capitale de la province stratégique d’al-Jawf, dans le nord du pays, obligeant les forces gouvernementales à se retirer vers l’est, et plus précisément vers la ville désertique d’al-Jar, pour après la deuxième défaite majeure en un mois.