Les dirigeants de l’Égypte, du Soudan et de l’Éthiopie ont convenu que le remplissage du Grand barrage éthiopien de la Renaissance (GERD) sur le Nil bleu n’aura lieu qu’après la conclusion d’un accord entre les trois pays, espéré dans les deux prochaines semaines. L’annonce est intervenue à la suite d’une réunion par vidéoconférence organisée par l’Union africaine (UA) et son président par intérim et chef de l’État sud-africain, Cyril Ramaphosa. Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahama, a ensuite annoncé que le processus de règlement des différends entre les trois pays africains liés au RGO sera dirigé par l’UA elle-même.
Le ministère des Affaires étrangères de l’Éthiopie a qualifié les négociations de « fructueuses », sans toutefois ajouter de détails. Le président égyptien, Abdel-Fattah al-Sisi, a plutôt publié une déclaration dans laquelle il a souligné l’importance du retour aux négociations et de l’engagement éthiopien de ne pas agir unilatéralement. Enfin, le Premier ministre soudanais, Abdallah Hamdok, a déclaré que l’impasse dans les négociations avait été assouplie et que le dialogue se poursuivrait par le biais d’une commission technique, dont l’objectif sera de parvenir à un accord dans deux semaines. Hamdok a ensuite souligné que sa nation pourrait être l’un des principaux bénéficiaires du RGO si les négociations aboutissaient ainsi que l’un des acteurs les plus menacés si un accord n’était pas trouvé à la place.
Au cours des dernières semaines, le dialogue entre les trois pays était parvenu à une impasse dans laquelle l’Éthiopie s’était déclarée déterminée à combler le RGO en juillet, en correspondance avec l’arrivée de la saison des pluies, même sans avoir atteint un accord avec Le Caire et Khartoum. Une telle décision pourrait provoquer une situation de tensions critiques et entraîner un conflit, étant donné la mention de l’Égypte et de l’Éthiopie à l’utilisation de moyens militaires pour défendre leurs intérêts. Cela a conduit à des appels à la résolution de la Ligue arabe et du Soudan lui – même, ainsi qu’à l’invocation égyptienne des Nations Unies.
L’Éthiopie a souvent décrit le projet GERD comme une bouée de sauvetage qui pourrait sortir des millions d’Africains de la pauvreté. Pour sa part, l’Égypte craint que sa mise en œuvre n’affecte la disponibilité des ressources en eau pour sa population, dont 90% dépendent des eaux du Nil, dont le principal affluent, avec le Nil Blanc, est précisément le Nil Bleu, sur lequel le GERD a été construit. Les réserves d’eau du Soudan dépendent également de ce fleuve et Khartoum a donc cherché à amener les deux autres pays à la médiation, après l’échec d’une tentative de négocier des négociations dirigées par les États-Unis en février dernier.
Le RGO devrait devenir le plus grand système hydroélectrique d’Afrique, capable de produire plus de 6 000 mégawatts d’électricité. Pour sa réalisation, actuellement à 70%, l’utilisation de 4,6 milliards de dollars a été prévue. Avant la mise en service du barrage, l’Égypte souhaite assurer la mise en œuvre d’un accord juridiquement contraignant capable d’assurer l’assurance d’un débit minimum et la création d’un mécanisme de règlement des éventuels litiges qui pourraient surgir à l’avenir. L’Éthiopie, cependant, revendique un droit absolu sur le Nil Bleu, car son cours est né et traverse son territoire.