Des avions de combat russes ont bombardé la ville d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, et ses environs, contrôlés par les rebelles, tirant une trentaine de missiles. C’était la plus grande attaque depuis le cessez-le-feu convenu par Moscou, qui soutient le régime syrien d’Al-Assad.
L’attaque a été menée par neuf avions de combat russes au départ de la base aérienne russe de Hmeimim, située au sud-est de la ville syrienne de Lattaquié, qui aurait largué les bombes transportées vers la périphérie à l’ouest d’Idlib. Les bombardements ont visé les positions occupées par les rebelles du groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTC), dirigé par des membres de l’ancienne branche d’Al-Qaïda en Syrie, qui contrôle le gouvernorat d’Idlib. Parallèlement à l’attaque russe, les forces gouvernementales d’Al-Assad ont également frappé davantage de villes au sud de ce territoire, notamment Al-Bara et Kensafra.
Le bombardement aérien russe d’Idlib a eu lieu deux jours après une rencontre entre chefs militaires russo-turcs, organisée à Ankara et au cours de laquelle la Russie a demandé à la Turquie de réduire la présence de ses militaires à Idlib. Le 18 septembre, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, a déclaré que le processus politique mis en place dans la province d’Idlib pourrait se terminer bientôt, à moins qu’un accord ne soit conclu avec la Russie, ajoutant que les dialogues au niveau militaire n’étaient pas été particulièrement fructueux. Cavusoglu a ensuite réitéré la nécessité de respecter le cessez-le-feu dans le gouvernorat.
Ces derniers mois, la trêve établie le 5 mars a été pratiquement respectée, à l’exception des violations sporadiques perpétrées principalement par les forces gouvernementales syriennes et des attaques contre des patrouilles conjointes russo-turques sur la route internationale M4. En outre, le cessez-le-feu a été accueilli avec scepticisme par les habitants d’Idlib, qui ont vu d’innombrables initiatives échouer ces dernières années, et qui craignaient de voir bientôt de nouvelles offensives et la reprise d’une escalade.
Une longue guerre civile est en cours en Syrie qui a débuté le 15 mars 2011, lorsqu’une partie de la population syrienne a commencé à manifester et à exiger la démission du président syrien, Bachar al-Assad. Avec l’intensification des affrontements, au fil des ans, parmi les groupes rebelles anti-gouvernementaux, certains groupes de fondamentalistes islamiques sunnites se sont radicalisés et ont commencé à se battre pour le contrôle de certaines régions du pays. Depuis 2011, 384 000 personnes ont perdu la vie dans le conflit, dont au moins 116 000 étaient des civils, en outre, 11 millions de personnes ont dû abandonner leurs maisons et ont été déplacées à l’intérieur du pays ou à l’étranger où elles ont cherché refuge.
À ce jour, le gouvernement d’Al-Assad contrôle 70% du territoire national tandis que la région d’Idlib est la dernière portion de territoire sous le contrôle du groupe extrémiste HTS, qui, au fil des ans, a pris la tête des révoltes antigouvernementales. Le gouvernement d’Al-Assad est soutenu par la Russie, l’Iran et les milices libanaises pro-iraniennes du Hezbollah, et combat les rebelles pour restaurer son contrôle sur Idlib, où se trouvent des positions turques.