L’organisation Médecins Sans Frontières a annoncé le 10 octobre qu’une milice affiliée au Gouvernement d’Accord National (GNA) de Tripoli, dirigée par Fayez Al-Sarraj, retient 60 migrants en otage dans des « conditions terribles » depuis deux semaines et parmi celles-ci, il y aurait environ 20 enfants.
Selon l’organisation basée en Suisse, le groupe de migrants a été enlevé le 28 septembre par des militants masqués dans la ville d’al-Ajaylat, à environ 80 km à l’ouest de la capitale Tripoli. Au départ, 350 personnes auraient été enlevées, principalement d’Afrique de l’Ouest, mais la plupart auraient réussi à s’échapper, tandis que d’autres auraient été libérées. Le 2 octobre, à la suite d’une tentative d’évasion, une fusillade a fait au moins 3 morts.
Médecins sans frontières a déclaré avoir informé l’agence GNA chargée de la lutte contre la migration illégale deux jours après l’enlèvement des migrants et avoir pu visiter le dépôt où ils étaient initialement détenus, situé près de la ville côtière de Sabratha, le principal point de départ de la plupart des migrants africains qui tentent de traverser la Méditerranée. Le directeur de la mission Médecins Sans Frontières en Libye, Guillaume Baret, a révélé: «Nous avons trouvé plus de 350 femmes, hommes et enfants dormant par terre dans des conditions de vie épouvantables, sans avoir accès à l’eau, aux douches ou aux toilettes». L’association a ajouté que leurs médecins étaient autorisés à s’adresser uniquement aux femmes et aux enfants pour un traitement médical, mais pas aux hommes.
Des membres de la milice auraient volé des objets de valeur et des documents d’identité à des migrants avant de les emmener au dépôt, où ils seraient gardés par des gardes armés. Pour le moment, les 60 personnes encore otages seraient transférées dans une ancienne base militaire.
Selon deux habitants de Sabratha et un migrant, restés anonymes par peur des répercussions, la plupart des hommes armés sont affiliés à la milice connue sous le nom d’ Al-Ammu qui, en 2017, avait déjà été identifiée par un groupe d’experts de l’ONU sur la Libye comme étant l’un des principaux facilitateurs de la traite des êtres humains. Selon le migrant interrogé, la milice essaie soit de recevoir des rançons des familles des otages, soit de les vendre à d’autres trafiquants d’êtres humains.
Al-Ammu est une milice libyenne qui, avec une autre, connue sous le nom de Brigade 48, serait dirigée par deux frères de la région, appartenant à la famille al-Dabashi. Tous deux sont affiliés au gouvernement Al-Sarraj, dont, pour le moment, aucun commentaire n’a été reçu à ce sujet.
Au fil des ans, la Libye est devenue l’un des principaux points de départ de l’Europe pour les migrants d’Afrique et d’ailleurs. Preuve des conditions dans lesquelles ces derniers se trouvent une fois dans ce pays d’Afrique du Nord, Amnesty International a publié le 24 septembre un nouveau rapport, intitulé «Entre la vie et la mort», dans lequel les violations des droits humains ont été mises en évidence souffert par les migrants et les réfugiés dans le pays.