Le dépouillement partiel, pour les élections législatives et municipales d’El Salvador, a donné un avantage au parti du président, Nayib Bukele, et à ses alliés. Si ce dernier remportait la majorité au Congrès, le chef de la nation d’Amérique centrale aurait une chance de renforcer encore son emprise sur les citoyens salvadoriens.
Une victoire de 56 sièges sur les 84 du Congrès monocaméral national. Une telle majorité, égale aux 2/3 de l’Assemblée, permettrait au président de choisir librement les nouveaux juges de la Cour suprême et le procureur général du pays, ainsi que de lui donner le pouvoir de promulguer des changements constitutionnels, sans qu’il soit nécessaire de négocier avec les législateurs de l’opposition.
Bukele, 39 ans, l’un des plus jeunes présidents d’Amérique latine, a remporté une victoire écrasante aux élections du 3 février 2019, avec la promesse d’éradiquer la corruption dans le pays. Malgré les tensions avec le Congrès précédent, il a depuis lors maintenu sa popularité auprès de la population.
Un peu plus de la moitié des 5,3 millions de citoyens éligibles ont participé aux élections du dimanche 28 février pour choisir les législateurs et les fonctionnaires locaux. Certains observateurs indépendants se sont dits préoccupés par le fait que des résultats déséquilibrés pourraient compromettre l’équilibre des pouvoirs entre les institutions du pays. Le décompte final des votes devrait commencer tard dans la soirée du mardi 2 mars.
Dimanche, des dizaines de milliers de policiers, soldats et observateurs internationaux avaient été déployés pour superviser le vote.
Les groupes de la société civile salvadorienne craignent qu’une victoire écrasante du parti de Bukele ne le voie consolider son pouvoir. Les militants des droits de l’homme affirment que le président a déjà montré des tendances autoritaires, des déclarations que le chef de l’Etat et ses partisans nient ouvertement.
Bukele, avec ses tweets et son look de rappeur, peut compter sur le consentement massif de jeunes Salvadoriens, pour la plupart au chômage, pauvres, plongés dans la violence des gangs de jeunes de banlieue et avec la seule alternative pour émigrer vers le nord.
Le 30 novembre, plusieurs partisans du parti Nuevas Ideas avaient bloqué le siège du TSE, suite aux avertissements de Bukele d’une possible fraude électorale. La contestation a explosé lorsque la Cour avait interdit l’enregistrement au Parlement de nombreux candidats du parti présidentiel, en vertu d’une condamnation de la Cour constitutionnelle contre le transformisme, vivement critiquée par Bukele. À partir de son profil Facebook, le syndicat des travailleurs de TSE avait accusé Nuevas Ideas d’entraver les activités du corps électoral et avait appelé les citoyens à empêcher ce qu’ils considéraient comme un abus du travail et des droits fondamentaux des membres du Tribunal.
Les tensions avec le Tribunal suprême électoral se sont ajoutées à celles qui existaient déjà depuis un certain temps entre le président Bukele et le procureur général Melara, le premier accusant le second de trop s’immiscer dans les affaires politiques, et le second accusant le premier d’être impliqué dans des allégations de violence contre les femmes.