La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme a appris sa dissolution à travers les réseaux sociaux, pour découvrir ensuite que le ministère de l’Intérieur algérien avait déposé une demande de dissolution le 4 août 2023. Le 29 septembre de la même année, le tribunal a statué en faveur du ministère de l’Intérieur, et en décembre, le jugement a été publié sans que la Ligue n’en soit informée. Elle a été exclue de la procédure judiciaire et n’a donc pas pu se défendre contre les accusations portées à son encontre.
La demande du ministère de l’Intérieur reposait sur le prétendu non-respect par la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme des lois régissant le fonctionnement des associations. Ces allégations sont en réalité infondées et dénuées de sérieux, car le rôle de la Ligue dans la défense des droits de l’homme, des libertés et de la démocratie, ainsi que sa collaboration avec les organisations internationales, est ce qui a motivé cette décision, comme le montrent les faits depuis sa fondation en 1985. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme a toujours été la voix des sans-voix, condamnant régulièrement la répression de l’opposition politique, des manifestants pacifiques et des mouvements citoyens, soutenant notamment les victimes les plus marginalisées et leurs familles, y compris les familles de migrants et les minorités religieuses discriminées.
Cette décision judiciaire injuste aujourd’hui rendue à son encontre témoigne de la persistance du régime des généraux à réprimer tous ses critiques, étant donné que la répression des organisations et de la société civile vise particulièrement tous ceux qui ont soutenu et exprimé leur solidarité avec le mouvement algérien depuis 2019. De nombreuses associations ont été ciblées, dont le Rassemblement de l’action jeunesse (RAJ) et l’Association « SOS Bab El Oued », ainsi que tous les médias indépendants. Les dernières victimes de cette répression incluent Radio M, dont les activités ont été interdites, tandis que ses gestionnaires et militants sont soumis à des poursuites judiciaires incessantes. Ce nouveau jugement visant la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme constitue un autre témoignage indépendant de la régression de l’espace démocratique en Algérie.