Après plusieurs jours de violentes manifestations en Martinique, un calme précaire semble revenir sur l’île des Antilles françaises. Malgré l’instauration d’un couvre-feu et l’interdiction des manifestations jusqu’au 14 octobre, les tensions sociales liées à la vie chère continuent de peser lourdement sur la situation.
Le mouvement de protestation, qui a pris une tournure violente début octobre, s’inscrit dans un contexte de colère profonde contre la vie chère. Le coût de la vie en Martinique, notamment les prix des produits alimentaires, est en moyenne 40 % plus élevé que dans l’Hexagone. Cette situation économique pèse lourdement sur les habitants, dont 27 % vivent sous le seuil de pauvreté, soit près de deux fois le taux observé en France métropolitaine.
La mobilisation contre cette inégalité économique, orchestrée par le RPPRAC (Regroupement des Partis et Personnalités Révoltées par la Cherté), a conduit à une escalade des violences urbaines. Les manifestations, initialement pacifiques, ont rapidement dégénéré avec des barrages enflammés, des pillages et des affrontements avec les forces de l’ordre.
L’ampleur des violences a conduit à l’intervention massive des forces de l’ordre, qui ont tenté de rétablir l’ordre dans la nuit du jeudi 10 au vendredi 11 octobre. Malgré ces efforts, les violences se sont poursuivies avec plus de 150 véhicules brûlés, des commerces incendiés et une soixantaine de « voyous à moto » perturbant la circulation sur les routes reliant Le Lamentin à Fort-de-France. Le bilan humain est lourd, avec plusieurs morts, blessés, et des interpellations en série.
Le gouvernement a réagi en instaurant un couvre-feu et en interdisant les rassemblements pour tenter d’apaiser les tensions. Toutefois, cette réponse semble insuffisante face à la profondeur du malaise social.
Si la situation semble plus calme depuis le 12 octobre, avec la réouverture de l’aéroport de Fort-de-France et l’absence d’incidents majeurs, la fragilité du climat social reste préoccupante. Le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet, a insisté sur la nécessité de mettre fin à la violence pour engager un dialogue constructif, mais le fond des revendications demeure intact. Le combat contre la vie chère, un problème structurel récurrent dans les territoires d’outre-mer, nécessite une réponse politique et économique à long terme.
Le retour au calme en Martinique est fragile, et le mécontentement social, profondément enraciné dans les inégalités économiques, pourrait ressurgir si des solutions concrètes ne sont pas apportées. L’interdiction des manifestations pour ce week-end est un répit temporaire, mais la situation exige une réponse structurelle pour apaiser durablement les tensions.