Le 31 mai 2025, un nouveau chapitre s’ouvre dans la relation entre la Syrie et le Golfe avec l’annonce par le Qatar et l’Arabie saoudite d’un programme conjoint de soutien financier visant à couvrir partiellement les salaires des fonctionnaires syriens pendant une période de trois mois. Cette initiative, officialisée lors d’une visite à Damas du ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, marque une avancée significative dans l’effort collectif de relance de l’économie syrienne après plus d’une décennie de conflit armé, de crises humanitaires et de sanctions internationales paralysantes.
Le programme s’inscrit dans une dynamique plus large de réintégration diplomatique et économique de la Syrie au sein du monde arabe, après la chute du régime de Bashar al-Assad à la fin de l’année 2024. Cette transition politique a ouvert la voie à un rapprochement progressif entre Damas et plusieurs capitales du Moyen-Orient, dont Riyad et Doha, qui avaient jusque-là adopté une posture plus distante voire hostile. L’annonce de ce soutien financier intervient également dans un contexte international où les États-Unis, sous l’administration Trump, ont pris la décision historique de lever plusieurs sanctions économiques imposées au gouvernement syrien, une mesure facilitant l’accès aux financements internationaux et l’engagement de partenaires étrangers dans la reconstruction.
Lors d’une conférence de presse conjointe à Damas, le prince Faisal bin Farhan a expliqué que ce soutien ciblé à la fonction publique syrienne est essentiel pour stabiliser le pays en soutenant les familles des agents de l’État, tout en renforçant le tissu social et économique. Il a également rappelé que ce geste fait suite au règlement, en mai 2025, d’une dette syrienne d’environ 15 millions de dollars envers le Groupe de la Banque mondiale, une somme également prise en charge conjointement par le Qatar et l’Arabie saoudite, témoignant de leur volonté ferme de participer activement à la reconstruction syrienne.
De son côté, le ministre syrien des Finances, Mohammad Barniyeh, a salué cette aide comme un signal fort en faveur de la stabilité économique et sociale du pays. Il a souligné l’importance de ce soutien pour restaurer la confiance des institutions financières régionales et internationales, ouvrir de nouvelles voies de coopération et encourager les investissements étrangers. Barniyeh a également exprimé son espoir que cette démarche s’inscrive dans un partenariat durable, capable de mobiliser davantage de ressources pour la relance économique, le développement des infrastructures et l’amélioration des conditions de vie des Syriens.
Cette initiative commune s’accompagne d’une volonté affichée des deux pays du Golfe de coordonner leurs efforts avec la communauté internationale, notamment les organisations régionales et les institutions multilatérales, pour promouvoir un développement durable en Syrie. Le communiqué conjoint souligne que cet engagement repose sur des liens historiques, culturels et fraternels solides entre les peuples syrien, qatari et saoudien, et qu’il vise également à atténuer les souffrances humanitaires persistantes dans le pays.
Cette étape symbolique et concrète dans le soutien à la Syrie pourrait ouvrir la voie à une coopération économique plus large, dans un pays qui reste fragilisé par des années de guerre et confronté à des défis majeurs tels que la reconstruction des infrastructures, le retour des déplacés et la relance des secteurs clés de son économie. En soutenant directement les fonctionnaires, Qatar et Arabie saoudite envoient un message fort sur l’importance d’un État syrien fonctionnel et stable, capable de garantir la continuité des services publics essentiels.