Riadh Chaïbi, dirigeant du parti Ennahdha et membre du Front de salut national, a vivement critiqué toute initiative de dialogue politique excluant délibérément le Front et ses composantes. Selon lui, une telle démarche ne vise qu’à renforcer la mainmise du pouvoir en place, perpétuant ainsi sa domination sur le paysage politique national.
Chaïbi a également pointé du doigt ceux qu’il qualifie d’exclusionnistes, qui, selon lui, profitent de leur position au sein de la société civile pour imposer une vision politique et idéologique non démocratique. Il estime que ces voix, issues d’anciens courants radicaux, participent à un « travail de sabotage fonctionnel » en s’opposant à toute véritable démarche inclusive.
« Un dialogue politique sans la participation d’Ennahdha, du Front de salut et des forces qui croient encore à un projet commun de coexistence politique, ne peut en aucun cas prétendre rétablir la démocratie », a-t-il déclaré. « Il ne fera qu’ouvrir la voie à ceux qui ont soutenu le coup de force, tenté d’écarter leurs adversaires, puis, face à leur échec, se sont retournés contre le régime sans changer leurs intentions premières. »
Depuis le coup de force du 25 juillet 2021, où le président Kaïs Saïed a suspendu l’Assemblée nationale et concentré les pouvoirs exécutif et législatif entre ses mains, la Tunisie connaît une dérive autoritaire préoccupante. Le régime a intensifié la répression contre l’opposition, notamment Ennahdha, avec l’arrestation de plusieurs de ses dirigeants, dont Rached Ghannouchi, et la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature.
Chaïbi affirme que l’initiative lancée aujourd’hui envoie deux signaux négatifs au pouvoir : d’une part, certaines forces y participant continuent d’évoluer dans le cadre imposé par le 25 juillet malgré leur discours contraire ; d’autre part, certaines voix persistent à exiger l’exclusion d’Ennahdha comme condition à un éventuel retour au dialogue avec l’exécutif.
Pour conclure, il rappelle que la demande d’un dialogue politique inclusif n’est pas une faveur octroyée par une partie à une autre, mais un devoir national fondé sur l’humilité collective. « Tout dialogue fondé sur l’exclusion, la haine et l’arrogance restera un simulacre dénué de toute légitimité », prévient-il.