Alors que la France s’enthousiasme pour la première convocation de Rayan Cherki en équipe nationale, côté algérien, c’est une tout autre émotion qui domine : l’amertume. Le jeune prodige de l’Olympique Lyonnais, longtemps espéré par les supporters des Fennecs, aurait, selon le journaliste d’investigation Romain Molina, exploité l’intérêt de l’Algérie comme un simple levier de négociation. Objectif : forcer la main à la Fédération Française de Football (FFF) pour rejoindre les Bleus au plus vite.
Dans une déclaration aussi tranchante que révélatrice, Molina affirme que Cherki et son entourage ont délibérément alimenté des rumeurs autour d’un possible choix pour l’Algérie. Fuites organisées, déclarations floues, rencontres informelles avec des responsables algériens : tout aurait été minutieusement orchestré pour donner du poids au dossier du joueur auprès de la FFF. Résultat ? Une convocation chez les Bleus… et une FAF une fois de plus ridiculisée sur la scène internationale.
Alors que la FAF multipliait les gestes d’ouverture à l’égard de la famille Cherki, dans l’espoir de convaincre le joueur de rejoindre les Verts, celui-ci menait une stratégie parallèle, bien plus pragmatique. Le projet algérien ? Un plan B utile, un moyen de pression, rien de plus. Et pendant que le joueur préparait soigneusement sa montée en puissance dans le système français, la Fédération algérienne, elle, rêvait tout haut, sans jamais poser de cadre clair, ni verrouiller sérieusement ses cibles.
Pire encore : Cherki continue de nier tout contact officiel avec l’Algérie, une version contredite par plusieurs sources proches de la FAF, qui évoquent des discussions informelles entre ses parents et Djamel Belmadi. Ces échanges, bien que non institutionnalisés, ont suffi à nourrir l’espoir de tout un peuple. Aujourd’hui, cet espoir se retourne en colère. Car au-delà du joueur, c’est l’impuissance structurelle de la FAF qui saute aux yeux.
Ce nouvel épisode met en lumière une constante inquiétante : l’absence de stratégie claire et de rigueur dans la gestion des binationaux. La FAF semble incapable d’anticiper, de négocier fermement ou d’instaurer une politique d’attractivité crédible. Elle réagit toujours trop tard, mise sur l’émotion plutôt que sur la planification, et confond communication médiatique et diplomatie sportive.
Dans ce théâtre d’illusions, la Fédération algérienne n’écrit jamais le scénario. Elle subit. Elle espère. Elle rêve à voix haute sans jamais sécuriser ses ambitions. Les conséquences sont toujours les mêmes : des talents qui lui échappent, des supporters déçus, et une crédibilité internationale qui s’effrite, saison après saison.
Sur les réseaux sociaux, la réaction est sans appel. « L’Algérie n’est pas un tremplin », clame un internaute. « Utiliser nos couleurs comme outil de chantage ? C’est un manque de respect », écrit un autre. Le cas Cherki illustre une fracture croissante entre une diaspora ambitieuse, qui raisonne en termes de projet de carrière, et une instance locale dépassée, incapable de bâtir un environnement attractif et structurant.
Ironie amère : cette polémique éclate alors même que la FAF a annoncé l’annulation de deux matchs internationaux sans fournir la moindre explication claire. Encore une illustration d’un système à bout de souffle, miné par le flou, le manque d’autorité, et l’incapacité chronique à se faire respecter.