Le général Hossein Salami, chef du puissant Corps des Gardiens de la Révolution islamique, a été tué vendredi 13 juin 2025 lors d’une frappe israélienne ciblée à Téhéran, selon les médias iraniens et des sources diplomatiques. La disparition de cette figure centrale du complexe militaire et sécuritaire iranien constitue un événement d’une portée stratégique majeure, sur fond d’escalade régionale.
Né en 1960 au centre de l’Iran, Salami était plus qu’un haut gradé : il incarnait la doctrine offensive de la République islamique. Barbe blanche, regard perçant, crâne dégarni, il apparaissait régulièrement à la télévision nationale pour délivrer des diatribes virulentes contre Israël, les États-Unis et l’Occident. Fidèle parmi les fidèles du guide suprême Ali Khamenei, il symbolisait l’aile dure de l’appareil sécuritaire iranien.
L’attaque israélienne à l’origine de sa mort s’inscrit dans une dynamique de représailles croissantes entre Téhéran et Tel-Aviv. Depuis l’attaque massive de drones et de missiles iraniens contre Israël en avril 2024 — la première offensive directe de ce type — la guerre de l’ombre entre les deux pays a quitté les marges pour s’affirmer au grand jour.
Salami avait d’ailleurs été mis en scène par la télévision iranienne en train d’ordonner personnellement cette attaque, censée être une réponse à des frappes israéliennes antérieures sur des cibles iraniennes en Syrie.
La frappe qui l’a visé vendredi constitue un acte de guerre d’une rare audace, menée en plein cœur de la capitale iranienne, et visant non pas une infrastructure ou un dépôt militaire, mais le commandant en chef de l’un des organes les plus influents du régime.
Salami s’était forgé une réputation de combattant pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988), avant d’occuper divers postes de commandement au sein des Gardiens. Il a dirigé un temps l’aviation du corps, puis a été promu numéro deux pendant près d’une décennie, avant de prendre les rênes de l’organisation en 2019, à une époque charnière marquée par l’isolement international croissant de l’Iran et une instabilité intérieure grandissante.
Sa nomination à la tête des Gardiens avait été perçue comme le signe d’un durcissement stratégique de la part du pouvoir iranien. Très actif sur le front rhétorique, il s’illustrait par ses prophéties belliqueuses : « Si vous commettez la moindre erreur, nous ouvrirons les portes de l’enfer », avait-il averti récemment à l’attention d’Israël et des États-Unis.
En 2018, il avait moqué le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en l’invitant à « s’entraîner à nager dans la mer Méditerranée », suggérant que l’État hébreu pourrait disparaître sous la pression régionale.
Les Gardiens de la Révolution, créés en 1979 peu après la Révolution islamique, ne sont pas une armée conventionnelle. Leur mission est avant tout idéologique et révolutionnaire : protéger le régime des menaces internes et externes. Ils sont directement subordonnés au guide suprême et disposent de branches militaires, économiques, sécuritaires et même médiatiques.
Selon l’Institut international pour les études stratégiques (IISS), ils compteraient environ 125 000 membres, bien qu’aucune donnée officielle ne confirme ce chiffre. Ils contrôlent aussi la redoutée Force Qods, chargée des opérations extérieures, notamment en Irak, au Liban, en Syrie et au Yémen.
Le poste de commandant leur confère une influence considérable au sein du Conseil suprême de sécurité nationale, où se décident les orientations stratégiques du pays, notamment en matière de défense et de politique étrangère.
Téhéran a immédiatement dénoncé une « déclaration de guerre » et promet une réponse « à la hauteur de l’agression ». L’Iran a aussi annoncé au moins 95 blessés dans la frappe de vendredi.
L’attaque pourrait précipiter une nouvelle spirale de confrontation directe, à un moment où la diplomatie semble paralysée. Les tensions avec Israël s’intensifient, tout comme les risques d’un embrasement régional, avec le Hezbollah libanais, les Houthis au Yémen et diverses milices chiites en Irak en embuscade.
En interne, la disparition de cette figure symbolique et opérationnelle pourrait provoquer un repositionnement au sommet du régime, alors que le président Massoud Pezeshkian, récemment élu, tente de faire face à une situation sécuritaire de plus en plus complexe.