Le gouvernement tchèque, dirigé par le Premier ministre Petr Fiala et son Parti démocratique civique (ODS), a survécu à une quatrième motion de censure en moins de trois ans, malgré une vive controverse déclenchée par un don en bitcoin d’une valeur de 45 millions de dollars.
Le scandale a éclaté après qu’un don de 1 milliard de couronnes tchèques — soit environ 1 561 bitcoins — a été versé au ministère de la Justice le 27 mai 2025. Ce don, effectué par Tomáš Jiřikovský, un homme condamné par le passé pour trafic de drogue, infractions liées aux armes et détournement de fonds, a suscité une vague d’indignation au sein de l’opposition et de la société civile.
Les partis d’opposition ANO, SPD et les Pirates ont déposé une motion de censure, estimant que le gouvernement avait manqué à ses responsabilités éthiques et légales en acceptant un tel don provenant d’un individu au passé criminel lourd. Toutefois, la motion n’a recueilli que 94 voix, soit sept de moins que les 101 nécessaires pour renverser le gouvernement, après plus de 24 heures de débats parlementaires houleux.
Face à la polémique, le Premier ministre Petr Fiala a reconnu que l’acceptation de ce don constituait une erreur éthique et politique, affirmant que son parti « assumera sa part de responsabilité ». Il a toutefois dénoncé l’opposition pour avoir exploité cette affaire à des fins politiciennes, dénonçant « salissures, insultes et mensonges » sur les réseaux sociaux.
Cette affaire a entraîné la démission de l’ancien ministre de la Justice Pavel Blažek, remplacé début juin par Eva Decroix, qui a promis de lancer une enquête indépendante afin de clarifier les circonstances entourant ce don. La nouvelle ministre s’est engagée à une coopération totale avec les autorités pour rétablir la transparence et la confiance du public envers le ministère.
Au-delà des répercussions immédiates, ce scandale souligne l’enjeu croissant des cryptomonnaies dans le domaine politique et économique, notamment en matière de transparence des financements et de lutte contre les flux financiers d’origine douteuse. Le cas tchèque résonne dans un contexte international où les crypto-actifs continuent d’alimenter débats et polémiques, à l’instar des controverses récentes impliquant des personnalités politiques comme Donald Trump ou Javier Milei.
À quelques mois des élections législatives prévues en octobre 2025, ce scandale fragilise la majorité en place, même si pour l’heure, le gouvernement reste au pouvoir. Il met aussi en lumière la vigilance nécessaire face à l’intégration des technologies émergentes dans les sphères institutionnelles, et la nécessité d’un encadrement rigoureux des dons et financements publics.