L’Ukraine a connu dans la nuit de samedi à dimanche l’une des pages les plus sombres de la guerre. La Russie a déclenché l’assaut aérien le plus massif depuis février 2022, tirant plus de 800 drones et missiles sur l’ensemble du territoire ukrainien. Kyiv, Odesa, Zaporizhzhia, Kryvyi Rih, Sumy et Chernihiv ont été frappées presque simultanément, dans ce qui apparaît comme une démonstration de puissance et un signal politique envoyé par Moscou.
Malgré l’efficacité remarquable de la défense antiaérienne – qui aurait abattu la grande majorité des projectiles – les conséquences sont lourdes. Le siège du gouvernement ukrainien à Kyiv a été éventré et incendié, une première depuis le début du conflit, marquant une atteinte symbolique au cœur du pouvoir politique ukrainien. Le bilan humain est également tragique : au moins cinq morts, dont une jeune mère et son bébé, ainsi que plusieurs dizaines de blessés.
Dans son adresse quotidienne, le président Volodymyr Zelensky a dénoncé une escalade planifiée par le Kremlin et a exhorté ses alliés à réagir :
« Il est important que les partenaires réagissent de manière globale à cette attaque. Nous comptons sur une réponse forte de la part des États-Unis », a-t-il déclaré.
À Washington, l’exécutif américain s’est dit prêt à intensifier sa riposte. Donald Trump, tout en réaffirmant son soutien à l’Ukraine, a menacé Moscou de nouvelles sanctions massives, ciblant non seulement la Russie mais également les pays qui continuent de financer son économie par l’achat de pétrole et de gaz. Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a confirmé que les États-Unis entendaient « pousser la Russie jusqu’à l’effondrement économique total », une stratégie de pression visant à contraindre Vladimir Poutine à la table des négociations.
Cette attaque, par son ampleur et son audace, constitue un tournant majeur dans la guerre. En frappant le centre institutionnel de Kyiv, Moscou cherche à ébranler la résilience ukrainienne et à tester la détermination occidentale. Mais cette stratégie pourrait produire l’effet inverse : renforcer la solidarité des alliés et précipiter un durcissement de la politique américaine et européenne face au Kremlin.
Plus de deux ans après le début du conflit, la Russie tente de prouver qu’elle conserve l’initiative militaire et la capacité de frapper où et quand elle le souhaite. L’Ukraine, elle, continue de tenir grâce à son système de défense aérienne et au soutien occidental. La question demeure désormais : jusqu’où Washington et ses alliés seront-ils prêts à aller pour traduire en actes la « réponse forte » qu’exige Zelensky ?