Paris, 8 septembre 2025 — Le mandat de François Bayrou à Matignon aura duré neuf mois. Le Premier ministre a été écarté lundi soir à la suite d’une cuisante défaite à l’Assemblée nationale, où 364 députés ont voté contre sa politique d’austérité, contre 194 en sa faveur. Pour la première fois sous la Ve République, un gouvernement est tombé à l’issue d’un vote de confiance.
Nommé en décembre dernier, le centriste chevronné de 74 ans s’était imposé comme l’un des derniers soutiens de poids d’Emmanuel Macron. Mais son choix de convoquer lui-même un vote de confiance sur le budget d’austérité, plutôt que d’attendre une offensive de l’opposition, a surpris jusque dans son propre camp.
« Un suicide politique », a jugé l’ancien président Nicolas Sarkozy, tandis qu’un ministre évoquait la volonté de Bayrou « d’écrire sa propre légende ».
Déterminé à réduire la dette publique, Bayrou a comparé la France à « un navire qui se remplit d’eau chaque jour ». Son projet prévoyait la suppression de deux jours fériés, mesure jugée inacceptable dans un pays attaché à ses vacances. Ajoutées à ses déclarations maladroites – comme lorsqu’il accusa ses adversaires d’avoir passé l’été « tous en vacances » –, ces annonces ont accentué l’isolement du Premier ministre.
Sa chute a provoqué une vague de manifestations dans plusieurs villes. Selon la police, près de 11 000 personnes se sont rassemblées lundi soir dans une ambiance festive, notamment à Rennes, Lyon, Nantes, Grenoble ou encore Bordeaux, où de nombreux jeunes ont célébré la démission imminente au son de fanfares. À Paris, des pancartes « Bye bye Bayrou » fleurissaient devant certaines mairies d’arrondissement.
Bayrou doit présenter officiellement sa démission et celle de son gouvernement mardi matin à Emmanuel Macron. Le président de la République, déjà fragilisé par une majorité relative et une succession de crises, devra rapidement désigner un successeur — le septième Premier ministre de son mandat.
Dans l’opposition, Olivier Faure (PS) a plaidé pour « un gouvernement de la gauche et des écologistes », tandis que Jean-Luc Mélenchon (LFI) a prévenu qu’il ne participerait à aucune coalition.
Trois fois candidat malheureux à l’Élysée, François Bayrou dirige le MoDem, allié historique mais non intégré au parti présidentiel. Historien de formation et biographe d’Henri IV, il restera comme un Premier ministre éphémère, victime d’un pari politique audacieux mais fatal.