Après deux mois de suspension, l’Iran et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ont trouvé mardi au Caire un terrain d’entente pour rétablir la coopération nucléaire, sous la médiation active de l’Égypte. L’accord, qualifié de « pas important dans la bonne direction » par le directeur général de l’AIEA Rafael Grossi, ouvre la voie à la reprise des inspections des installations nucléaires iraniennes.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a joué un rôle central dans cette avancée diplomatique, en organisant plusieurs réunions préliminaires et en facilitant les négociations tripartites entre Abbas Araghchi, ministre iranien des Affaires étrangères, et Rafael Grossi. Les discussions, ponctuées de retards dus à des incidents régionaux, se sont finalement conclues par la signature d’un « nouveau cadre » définissant les modalités pratiques de coopération et de reprise des inspections, après une interruption de deux mois.
L’Iran avait suspendu toute interaction avec l’AIEA pour protester contre l’absence de condamnation des frappes israéliennes et américaines en juin, qui ont visé plusieurs installations nucléaires iraniennes. Une loi votée par le Parlement en juillet avait formellement interdit la coopération avec l’AIEA, bien que des inspecteurs aient été autorisés brièvement fin août pour remplacer le combustible de la centrale de Bushehr.
Le nouvel accord établit des mesures concrètes, incluant le retour des inspecteurs et la transparence sur l’enrichissement d’uranium. Le ministre Abdelatty a souligné que l’accord reflète « la volonté de rétablir la confiance mutuelle » et constitue « un message d’espoir pour la communauté internationale : le dialogue reste possible, même dans les circonstances les plus difficiles ». Grossi a précisé que certaines questions demeurent à régler, mais que le protocole ouvre « une porte à des avancées futures ».
Au cours de la journée, les négociations ont été interrompues à plusieurs reprises, notamment en raison de nouveaux développements au Qatar et d’une frappe israélienne sur Doha. Après la signature de l’accord, Araghchi et Grossi se sont rendus au Palais présidentiel égyptien pour une réunion avec le président Abdel Fattah el-Sissi, qui a salué l’accord comme « une étape positive vers la désescalade et la reprise du dialogue diplomatique » et a souligné l’importance de la médiation égyptienne pour restaurer la coopération entre l’Iran et l’AIEA malgré les tensions régionales.
Cet accord intervient dans un contexte de pressions accrues sur Téhéran. Les pays européens du groupe E3 – France, Royaume-Uni et Allemagne – ont activé le 28 août le mécanisme de « snapback » pour le rétablissement des sanctions de l’ONU, accusant l’Iran de violations de l’accord nucléaire de 2015. L’accord de Vienne de 2015 avait levé progressivement les sanctions en échange d’un contrôle strict du programme nucléaire iranien, mais l’unilatéralité du retrait américain en 2018 avait fragilisé le dispositif, incitant Téhéran à accélérer son enrichissement d’uranium.