Le Hamas a officiellement confirmé vendredi la survie de son négociateur en chef, Khalil al-Hayyah, mettant fin aux rumeurs qui circulaient depuis la frappe israélienne visant mardi une réunion de dirigeants du mouvement à Doha, au Qatar. Cette annonce constitue la première confirmation officielle que le dirigeant palestinien est bien vivant.
Selon le Hamas, Khalil al-Hayyah a survécu grâce à des mesures de sécurité spéciales mises en place avant et pendant la réunion. Le bâtiment visé par l’attaque disposait de protections et de protocoles d’évacuation stricts, permettant à certains dirigeants de se mettre à l’abri avant que la frappe israélienne ne frappe de plein fouet le complexe. Ces dispositifs comprenaient des salles sécurisées renforcées, des itinéraires d’évacuation rapides et une surveillance continue des alentours pour anticiper toute menace extérieure.
Après l’attaque, Khalil al-Hayyah a pris part à une prière funéraire en hommage à son fils, Humam al-Hayyah, et aux autres victimes de l’attaque israélienne. La cérémonie, organisée dans un contexte de sécurité maximale, a permis au négociateur de rendre hommage aux martyrs tout en restant à l’abri des menaces immédiates. Le Hamas souligne que cette prière funéraire reflète à la fois le deuil personnel de Khalil al-Hayyah et la résilience du mouvement face aux attaques ciblées contre ses dirigeants.
Né en 1960 dans la bande de Gaza, Khalil al-Hayyah est l’un des cinq membres du conseil de direction temporaire du Hamas, créé fin 2024 pour gouverner le mouvement après une série d’assassinats ciblés de dirigeants, dont Ismaïl Haniyeh, Yahya Sinwar et le commandant militaire Mohammed Deif. Basé principalement au Qatar, al-Hayyah joue un rôle central dans les négociations diplomatiques avec Israël, l’Égypte et les États-Unis, et a dirigé plusieurs délégations du Hamas pour tenter d’obtenir un cessez-le-feu à Gaza. La frappe visait également Zaher Jabarin, principal administrateur financier du Hamas et membre du conseil de direction, qui supervise le réseau d’investissement et de financement de l’organisation en Cisjordanie. Après son arrestation en 1993 et près de deux décennies passées en prison, Jabarin a rapidement gravi les échelons du Hamas après sa libération en 2011.
Depuis le début de la guerre israélienne contre Gaza en octobre 2023, de nombreux dirigeants du Hamas ont été tués. Pour assurer la continuité, le groupe a formé un conseil de direction composé de cinq hommes, dont Khalil al-Hayyah et Zaher Jabarin, et compte également un haut responsable militaire à Gaza.
La frappe israélienne a provoqué un tollé diplomatique. Le Premier ministre qatari a dénoncé l’attaque comme un acte « lâche » et une « violation flagrante du droit international », estimant qu’elle compromettait le rôle du Qatar en tant que médiateur. Plusieurs pays européens, dont l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, ont appelé à un arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes à Gaza, tandis que Madrid a rappelé son soutien historique à la cause palestinienne. L’Arabie saoudite a condamné l’agression comme une « violation flagrante de la souveraineté » du Qatar. Les États-Unis ont nié toute implication dans l’attaque, affirmant que le président Donald Trump avait été informé par l’armée américaine de l’opération.
Israël, pour sa part, a averti que ses adversaires « n’avaient nulle part où se cacher », soulignant la détermination de l’État hébreu à neutraliser les responsables du Hamas impliqués dans des négociations qu’il considère comme stratégiques.