BAGDAD – L’État islamique vient de perdre l’un de ses cerveaux les dangereux. Omar Abdel Qader Bassam, alias « Abdel Rahman Al-Halabi », chef des opérations extérieures et responsable de la sécurité interne du groupe, a été tué lors d’une opération éclair. Chirurgicale. Mortelle de sécurité en Syrie, coordonnée entre l’agence irakienne de lutte contre le terrorisme et la coalition internationale dirigée par les États-Unis.
Al-Halabi n’était pas un simple commandant de terrain. Il était le stratège de l’ombre, véritable maître d’orchestre des attaques à l’international. Accusé d’avoir supervisé l’attentat contre l’ambassade d’Iran au Liban, il avait également planifié une série de complots visant l’Europe et les États-Unis, finalement déjoués grâce au travail des services de renseignement occidentaux et régionaux. Son rôle allait bien au-delà de la planification : il formait les cellules, organisait la sécurité interne et coordonnait des opérations transfrontalières, faisant de lui une pièce maîtresse du réseau jihadiste.
Selon l’agence irakienne, l’opération ayant conduit à son élimination a été le fruit de longues phases de surveillance et d’échanges de renseignements. Les forces irakiennes et leurs alliés ont frappé au cœur d’une zone où l’EI pensait être à l’abri. Des frappes aériennes ciblées ont mis fin à la cavale de ce dirigeant insaisissable, démontrant la capacité des services antiterroristes à anticiper les mouvements du groupe malgré la complexité du terrain syrien et la fragmentation des cellules jihadistes.
Cette élimination survient alors qu’un complot visant à assassiner le dirigeant syrien Ahmed al-Sharaa avait été récemment déjoué. Le quotidien libanais An-Nahar rapporte que l’information, transmise il y a six mois par les services de renseignement irakiens, a permis aux autorités syriennes de contrecarrer le plan. Ce projet s’inscrivait dans une série d’attentats préparés par des groupes extrémistes en Syrie. Une source sécuritaire citée par le journal précise que des anciens membres de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), déçus par la trajectoire politique de leur ancien chef al-Sharaa, auraient eux-mêmes participé à la liquidation d’Al-Halabi.
Pour les analystes internationaux, l’élimination d’Al-Halabi constitue un double succès. Militairement, elle fragilise la chaîne de commandement de l’EI, perturbant sa capacité à planifier et coordonner des attaques hors du Moyen-Orient. Psychologiquement, elle envoie un message clair : nul dirigeant jihadiste n’est intouchable. Les cellules de l’État islamique, déjà affaiblies et dispersées, devront repenser leur mode d’action pour survivre.
Cependant, le Commandement central américain met en garde : la disparition d’un haut responsable ne signifie pas la fin de l’EI. Après la chute du régime de Bachar el-Assad en décembre dernier, plusieurs factions extrémistes cherchent à combler le vide politique et sécuritaire en Syrie. Washington redoute que l’organisation, malgré ses pertes, tente de se réimplanter et de rallumer les braises du chaos.