La Libye est placée sous une pression diplomatique croissante. Les Nations Unies et plusieurs puissances mondiales accentuent leurs efforts pour mettre fin à l’impasse politique qui paralyse le pays depuis plus d’une décennie. La représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU, Hanna Tetteh, a rencontré à Tripoli le chargé d’affaires américain, Jeremy Berndt, afin de discuter de la feuille de route internationale qui doit conduire à des élections rapides et crédibles.
La Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a présenté un plan clair, articulé autour de trois priorités indissociables. Il s’agit d’abord de parvenir à un cadre électoral consensuel, capable de garantir des scrutins inclusifs et transparents. Vient ensuite la nécessité de mettre en place un gouvernement unifié de transition, chargé d’assurer la gestion du pays jusqu’à la tenue des élections. Enfin, le plan prévoit un dialogue national élargi, associant toutes les composantes de la société – jeunes, femmes, société civile, tribus et groupes culturels – afin de traiter les dossiers sensibles que sont la répartition des richesses, la réforme du secteur sécuritaire et la réconciliation nationale.
Selon Hanna Tetteh, ce plan sera prochainement soumis au Conseil de sécurité et vise l’organisation d’élections présidentielle et législatives dans un délai de 12 à 18 mois. Un calendrier ambitieux, jugé possible si la volonté politique est au rendez-vous.
La communauté internationale insiste sur la nécessité de réactiver la Haute Commission électorale nationale, paralysée depuis le report des scrutins de décembre 2021. Son renforcement institutionnel et technique est considéré comme le premier pas pour restaurer la confiance des Libyens dans le processus politique.
Le principal obstacle demeure l’existence de deux gouvernements rivaux – l’un à Tripoli, l’autre à l’Est. Cette dualité alimente les divisions et empêche l’organisation d’élections crédibles. Pour certains acteurs libyens, l’appel à un gouvernement unifié est une tentative de redistribution d’influence ; pour d’autres, c’est une chance de tourner la page des rivalités institutionnelles.
Lors d’une récente réunion coprésidée par l’Allemagne et l’ONU, les représentants des États-Unis, de la Russie, de la Chine, de l’Union européenne, de l’Union africaine, de la Ligue arabe et des pays voisins de la Libye ont envoyé un message ferme : plus de délais, plus de tergiversations.
Le communiqué final avertit que ceux qui entraveront la feuille de route s’exposent à des sanctions ou à une perte de légitimité politique. C’est un changement de ton net : la patience des puissances étrangères semble avoir atteint ses limites.
Dans un message publié sur X, l’ambassade américaine a confirmé l’engagement de Washington : « Les États-Unis restent déterminés à travailler avec les partenaires libyens et internationaux pour une Libye pacifique, unifiée et prospère », a déclaré Jeremy Berndt.
La Libye se trouve désormais face à un choix crucial, saisir l’opportunité d’une transition pacifique soutenue par la communauté internationale, ou s’enliser dans les divisions et le chaos institutionnel.