Pendant que le monde forme ses stars dès 10 ans – avec internats, psychologues, nutritionnistes et contrats d’apprentissage – l’Algérie invente le football en carton-pâte. On ouvre des académies à la pompe, on ferme l’année suivante, et on célèbre les tournois U-13 sur Facebook comme si c’était la Ligue des Champions.
Depuis 2021, les académies U-13 en Algérie racontent un drame en plusieurs actes. Zetchi inaugure Sidi Bel-Abbès avec promesses grandioses : 60 gamins triés sur le volet, internat, cours, suivi médical… la FIFA applaudit. En 2022, Amara ferme tout, renvoie les enfants, laisse les terrains à l’abandon et accumule un milliard de DA de factures impayées. En 2023, Zefizef promet 16 académies régionales avec budget et staff UEFA : nouvel applaudissement général. Mais en 2024-2025, Sadi transforme la promesse en spectacle : 16 équipes U-13, 16 photos sur Facebook, zéro suivi.
Les clubs reflètent cet absurde : au CR Belouizdad, les enfants s’entraînent sur un parking avec deux plots et un ballon ; au MC Alger, ils rentrent chez eux à 22h sans internat ; à l’USM Alger, ils partagent les vestiaires des seniors, sans suivi scolaire, psychologue ou nutritionniste. La FIFA hurle : une académie digne de ce nom doit accompagner les jeunes de 12 à 18 ans, intégrer scolarité et préparation à la vie professionnelle. En Algérie, on confond tournoi de fin d’année et académie d’élite.
Les chiffres saignent : 60 talents détectés → 0 professionnel signé, 120 millions DA de contentieux → 0 académie fonctionnelle. Le drame humain est criant : les enfants de Sidi Bel-Abbès ont repris l’école publique, certains ont arrêté le foot, d’autres jouent dans la rue. Un seul a signé… comme ramasseur de balles. Arezki Remmane résume : « On avait les pépites. On les a jetées. »
Pendant que le monde forme des citoyens-footballeurs, l’Algérie transforme ses jeunes en statistiques pour communiqués. Tant que la FAF changera de modèle à chaque président, tant que les clubs resteront sans moyens, tant que l’on confondra académie et tournoi U-13, nos talents continueront d’être enterrés vivants avant même d’avoir pu éclore.
Prochaine étape ? Relancer les académies, imposer un cahier des charges FIFA, créer un fonds national de formation… Ou continuer le spectacle. Dans dix ans, on pleurera encore : « Où sont nos talents ? » Ils sont là. On les a juste laissés crever dans le carton-pâte. « On avait les pépites. On les a jetées. »



























