La famille et les avocats de Jaouhar Ben Mbarek, figure emblématique de l’opposition tunisienne, ont confirmé que le prisonnier politique a été violemment battu en détention, alors qu’il poursuivait une grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention. Selon Dalila Ben Mbarek Msaddek, sa sœur et membre de l’équipe de défense des prisonniers politiques, « des gardiens et des détenus l’ont agressé brutalement. Il porte des marques de coups sur le corps, des ecchymoses et des égratignures, et a même subi une fracture. »
L’avocate Hanan Khmiri, qui a rendu visite à Ben Mbarek mercredi dernier, a déposé une plainte pour torture auprès du procureur général, précisant que « Jawhar a été victime d’une agression violente mardi ». Le père du détenu, Ezz El-Din El-Hazqi, a dénoncé les gardiens comme des « criminels », après avoir tenté en vain de dialoguer avec la direction de la prison, laquelle a minimisé les faits et affirmé que l’avocat « exagérait ».
Dalila Msaddek a ajouté, les larmes aux yeux : « Les gardiens ont ordonné aux prisonniers de le frapper. Ils l’ont torturé parce qu’il refusait de manger… Nous avons atteint un stade de barbarie. »
Le Parti républicain, principal parti d’opposition, a dénoncé cette attaque comme une tentative délibérée de briser la volonté de Ben Mbarek et de dissuader la poursuite de sa grève de la faim. Dans le même communiqué, le parti a souligné que d’autres détenus politiques, dont Issam Chebbi, Abdelhamid Jelassi et Ridha Belhaj, ont entamé une grève de la faim illimitée en solidarité avec lui.
Jaouhar Ben Mbarek, l’un des fondateurs du Front national de salut, poursuit sa grève de la faim depuis deux semaines à la prison civile de Belli, dans le sud-est de Tunis, pour protester contre ses conditions de détention depuis février 2023. Selon son comité de défense, il a déjà subi deux crises rénales le 10 novembre, et sa santé continue de se détériorer. Le détenu ne consomme qu’un seul verre d’eau par jour, réaffirmant sa détermination à obtenir ce qu’il considère comme son droit fondamental à une justice équitable.
Les organisations de défense des droits humains alertent sur un recul alarmant des libertés civiles en Tunisie depuis l’arrivée au pouvoir du président Kaïs Saïed, de nombreux opposants étant incarcérés ou harcelés. La Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), lors d’une visite avec médecin, a constaté une faiblesse physique majeure et un risque accru de complications graves pour Ben Mbarek.
L’Autorité générale des prisons et de la rééducation a publié un communiqué démentant ces allégations, affirmant que l’état de santé des détenus était suivi en permanence et que les accusations de grève de la faim étaient « sans fondement ». Le comité de défense de Ben Mbarek dénonce une « désinformation délibérée » et tient l’administration pénitentiaire responsable de toute aggravation de son état.
Cette affaire met en lumière les tensions croissantes entre l’opposition tunisienne et les autorités, et révèle l’usage des violences en prison comme moyen de pression politique. La grève de la faim de Jaouhar Ben Mbarek est devenue un symbole de résistance face à ce qu’il qualifie de « dérive judiciaire et répression politique » en Tunisie.



























