Les prix du pétrole connaissent un rebond marqué ce vendredi, soutenus par l’escalade des tensions militaires entre Washington et Caracas et par une série d’attaques ukrainiennes frappant pour la première fois des raffineries russes situées à plus de 1 000 km de la frontière. Après une chute de 3,8 % jeudi liée à l’annonce de l’OPEP+ de repousser à avril 2025 le retour progressif de ses coupes volontaires, le marché efface presque entièrement ses pertes.
Vers 11 h 45GMT, le baril de Brent de mer du Nord pour livraison en février gagnait 2,18 %, à 64,63 dollars, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) pour janvier grimpait de 2,41 %, à 61,02 dollars, atteignant son plus haut niveau depuis dix jours. Pour la semaine, le Brent enregistre un gain d’environ 1 %, et le WTI de près de 3 %, marquant un deuxième rebond hebdomadaire consécutif.
« Le marché réagit violemment à deux chocs simultanés », souligne Tamas Varga, analyste chez PVM Energy. D’une part, au Venezuela, le déploiement de navires de guerre américains dans les Caraïbes et la suspension quasi totale des vols commerciaux vers Caracas font craindre une interruption brutale des 1,1 million de barils/jour exportés par le pays, dont 81 % sont destinés à la Chine. D’autre part, en Russie, les drones ukrainiens ont frappé cette nuit les raffineries de Syzran (Samara) et Volgograd, situées respectivement à 950 et 1 100 km de l’Ukraine, portant à plus de 50 % la capacité de raffinage russe touchée depuis janvier 2025.
« Une perte combinée potentielle de 1,5 à 2 millions de barils/jour, même temporaire, change complètement la donne dans un marché déjà confronté à un déficit technique prévu pour le premier trimestre 2026 », ajoute Jorge León, analyste chez Rystad Energy.
Malgré ce rebond, le marché reste confronté à des facteurs limitants : les stocks américains ont augmenté de 574 000 barils la semaine dernière (EIA), l’OPEP+ maintient ses quotas actuels pour le T1 2026, et la production non-OPEP+ (États-Unis, Canada, Brésil) a crû de 1,4 million de barils/jour en 2025. Parallèlement, la demande reste modérée, freinée par l’électrification, un contexte macroéconomique difficile et une consommation en berne en Chine et en Inde.
Les opérateurs surveillent désormais plusieurs éléments : la réaction de la Chine, principal client du Venezuela et de la Russie ; la réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU prévue ce soir ; ainsi que la publication des chiffres Baker Hughes sur les forages américains, à 16 h 30.
En cas de nouvelle escalade, plusieurs banques, dont Goldman Sachs et JPMorgan, n’excluent plus un retour du Brent au-dessus de 70 dollars dès la semaine prochaine, malgré les prévisions baissières établies à 66 dollars pour la fin 2025 (EIA, J.P. Morgan).



























