Le vendredi 5 décembre 2025, la présidence irakienne a formellement démenti toute approbation de la décision controversée visant à désigner les mouvements Ansar Allah (Houthis au Yémen) et le Hezbollah libanais comme organisations terroristes, ainsi qu’à geler leurs avoirs et biens en Irak. Dans son communiqué officiel, l’institution dirigée par le président Abdul Latif Rashid a précisé n’avoir été informée de cette décision que par les médias et n’y avoir en aucun cas adhéré, soulignant ainsi les dysfonctionnements bureaucratiques au sein de l’État irakien.
Cette clarification fait suite à la publication, le 4 décembre, dans la Gazette officielle irakienne (numéro 4848), de la décision n° 61 du Comité de gel des avoirs terroristes relevant de la Banque centrale d’Irak. Bien que cette mesure ait été initialement destinée à cibler des entités liées à l’État islamique et à Al-Qaïda, elle a accidentellement inclus Ansar Allah et le Hezbollah, provoquant une vive réaction des factions chiites pro-iraniennes au pouvoir à Bagdad. Ces dernières ont dénoncé la décision comme une « trahison » et une « soumission aux États-Unis », menaçant même d’une escalade interne si la situation n’était pas corrigée rapidement.
Dès le 4 décembre, le Comité de gel des avoirs terroristes, présidé par Ammar Hamad Khalaf, a qualifié l’inclusion des deux mouvements d’« erreur technique », précisant qu’aucune mesure de gel n’avait été appliquée et qu’une correction de la Gazette serait publiée. Dans le même temps, le Premier ministre Mohammed Shia al-Sudani a ordonné une enquête urgente pour identifier les failles ayant permis cette erreur, afin de prévenir toute tension interne, notamment avec les milices pro-Hezbollah intégrées aux Unités de mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi).
Sur le plan régional, l’agence iranienne Mehr a rapidement relayé le communiqué présidentiel, y voyant la preuve d’une indépendance irakienne face aux pressions américaines présumées. Pour Téhéran, cette annulation est à la fois un avertissement et une opportunité : elle confirme l’influence de l’Iran sur certaines factions chiites irakiennes et préserve les canaux logistiques et financiers essentiels pour le Hezbollah et les Houthis. Des analystes, comme ceux de L’Orient-Le Jour, soulignent que cet incident illustre les tensions persistantes entre Washington, qui pousse à des sanctions unifiées contre l’« Axe de la Résistance », et Téhéran, allié clé de Bagdad.
cet incident constitue une victoire tactique pour l’Iran, qui parvient à préserver son influence et la viabilité de ses alliés, tout en révélant les fragilités de son emprise dans un Irak sous forte pression géopolitique. Les prochaines semaines seront cruciales pour observer si Bagdad maintiendra son recul ou s’alignera progressivement sur les sanctions américaines, et comment Téhéran ajustera sa stratégie régionale afin de sécuriser ses intérêts sans provoquer de crise majeure.

























