Le Premier ministre thaïlandais Anutin Charnvirakul a dissous le Parlement vendredi 12 décembre 2025, après seulement trois mois au pouvoir, conformément à un décret royal, ouvrant ainsi la voie à des élections générales prévues début 2026. Si l’on s’attendait généralement à ce qu’Anutin attende la fin des fêtes de Noël pour prendre cette décision, celle-ci intervient de manière anticipée, dans un contexte déjà tendu marqué par la reprise des affrontements meurtriers entre la Thaïlande et le Cambodge le long de leur frontière contestée.
Le décret, publié dans la Gazette royale, précise que « la Chambre des représentants est dissoute afin de tenir de nouvelles élections générales pour ses membres ». Anutin Charnvirakul, issu du parti conservateur Bhumjaithai, est devenu Premier ministre en septembre 2025, après que son prédécesseur, Paetongtarn Shinawatra, a été destitué par le tribunal pour violation de l’éthique. Dès le début de son mandat, il s’était engagé à dissoudre la chambre basse et à organiser un vote d’ici début 2026.
Cette dissolution survient alors que les combats reprennent à la frontière cambodgienne, où les affrontements ont déjà causé au moins 20 morts et provoqué le déplacement d’environ 600 000 personnes, principalement sur le sol thaïlandais. Ces violences ont rompu le cessez-le-feu négocié par les États-Unis en juillet dernier, et le président Donald Trump prévoit d’intervenir pour relancer les pourparlers de paix.
La Gazette royale cite un rapport d’Anutin expliquant que « étant donné que l’administration est un gouvernement minoritaire et que la situation politique intérieure est marquée par de multiples défis, le gouvernement ne peut pas continuer à administrer les affaires de l’État de manière continue, efficace et stable. Par conséquent, la solution appropriée consiste à dissoudre la Chambre des représentants et à organiser de nouvelles élections générales. »
Conformément à la loi thaïlandaise, ces élections doivent se tenir entre 45 et 60 jours après la dissolution, ce qui laisse présager un scrutin prévu pour la fin janvier ou début février 2026. Sur les réseaux sociaux, Anutin a déclaré jeudi soir qu’il « souhaitait rendre le pouvoir au peuple », une expression couramment utilisée dans le royaume pour annoncer l’intention de dissoudre le Parlement et convoquer de nouvelles élections.
Ce conservateur, fervent défenseur du cannabis, est devenu le troisième dirigeant du royaume en deux ans grâce au soutien d’une coalition conditionnée à la dissolution du Parlement. Ancien allié du clan politique influent de Thaksin Shinawatra, Anutin s’en est progressivement éloigné après une succession de revers juridiques et politiques qui ont fragilisé ce mouvement. Durant l’été, il a rompu sa coalition avec le Pheu Thai, visiblement indigné par la gestion par Paetongtarn Shinawatra d’un différend frontalier avec le Cambodge.
En seulement trois mois au pouvoir, Anutin a dû gérer un conflit militaire croissant avec le Cambodge, des attaques visant des centres d’escroquerie au Myanmar qui ont poussé des centaines de personnes à traverser la frontière, ainsi que le décès de l’ancienne reine Sirikit en octobre, qui a profondément marqué le pays.



























