Le 11 décembre 2025, Itamar Ben-Gvir, ministre israélien de la Sécurité nationale et figure de proue de l’extrême droite, a intensifié les tensions déjà vives en Israël-Palestine en menaçant de démolir le tombeau historique du cheikh Izz al-Din al-Qassam, situé près de Haïfa. Une vidéo diffusée sur la plateforme X montre le ministre supervisant le démontage d’une tente de prière érigée par le Comité islamique du Waqf devant le site funéraire, qualifiant cette action de « première étape » vers l’effacement du lieu.
Pour les Palestiniens, ce geste est une provocation sans précédent. Izz al-Din al-Qassam (1882-1935), érudit syrien et résistant farouche contre le colonialisme, est une figure emblématique de la lutte anticoloniale en Palestine. Sa mort en 1935, lors d’un affrontement avec les forces britanniques, a fait de lui un martyr et un symbole de résistance. Le Hamas, fondé en 1987, a immortalisé son héritage en baptisant sa branche armée des « Brigades Izz ad-Din al-Qassam », et son nom demeure un puissant marqueur identitaire pour la cause palestinienne.
De l’autre côté, la vision israélienne, notamment celle portée par Ben-Gvir et ses alliés, considère al-Qassam comme un « terroriste historique » dont la mémoire incite à la violence actuelle. Dans ses déclarations publiques, le ministre justifie la destruction du tombeau par la nécessité de « ne pas glorifier le terrorisme sur des terres de l’État », un argument qui s’inscrit dans une stratégie plus large de judaïsation de certains espaces contestés. Cette démarche n’est pas sans dimension politique : avec des élections législatives imminentes, la provocation peut renforcer le soutien de sa base ultranationaliste.
La réaction du Hamas a été immédiate et ferme. Dans un communiqué, Mahmoud Mardawi a dénoncé une « profanation des tombes des morts » et une « tentative d’effacer la mémoire de la nation ». Le mouvement palestinien appelle à une mobilisation internationale pour contrer ce qu’il qualifie de politique d’extrémisme officialisée par le gouvernement israélien. Cette escalade symbolique intervient dans un contexte de violences persistantes en Cisjordanie et à Gaza, où chaque acte contre un symbole historique peut rapidement se transformer en catalyseur de tensions et de confrontations.
Au-delà de l’incident lui-même, cette affaire illustre la « guerre des mémoires » qui continue de nourrir le conflit israélo-palestinien. Pour les Palestiniens, effacer le tombeau d’al-Qassam reviendrait à nier la continuité historique de la résistance, reliant la Grande Révolte arabe de 1936 à l’Intifada contemporaine et aux opérations du Hamas. Pour Israël, ce site représente un risque symbolique, associé à l’incitation à la violence contre les civils.
Sur la scène internationale, les réactions sont prudentes mais attentives. Les médias internationaux qualifient cet acte de provocation typique de Ben-Gvir, tandis que les organisations de défense des droits humains observent avec inquiétude les potentielles violations de sites religieux et historiques. Dans les faits, si la menace se concrétise, elle pourrait déclencher des manifestations, des affrontements et un nouveau cycle de violences, confirmant que, dans ce conflit, le passé et le présent restent inextricablement liés.
La menace de Ben-Gvir dépasse l’échelle locale ,elle est un symbole de l’intransigeance des extrémismes et un rappel cruel que la reconnaissance mutuelle des mémoires historiques reste l’un des plus grands obstacles à une paix durable en Israël-Palestine.


























