Le 12 décembre 2025, à Mashhad, dans l’est de l’Iran, Narges Mohammadi, lauréate du prix Nobel de la paix 2023 et figure emblématique de la résistance iranienne, a été arrêtée de manière extrêmement violente par des forces de sécurité en civil et en uniforme. Elle participait à la cérémonie du septième jour après la mort, dans des circonstances hautement suspectes, de l’avocat des droits humains Khosrow Alikordi, décédé le 4 décembre 2025 à l’hôpital de Mashhad. Officiellement, les autorités invoquent une crise cardiaque, mais plus de 80 avocats iraniens et plusieurs ONG (Iran Human Rights, Center for Human Rights in Iran, Abdorrahman Boroumand Center) exigent une enquête indépendante, évoquant un possible assassinat politique ou une mort résultant de mauvais traitements en détention.
Lors de cette cérémonie, Narges Mohammadi, sans voile en signe de défi au hijab obligatoire, s’est adressée à la foule rassemblée devant la mosquée, prononçant un discours puissant et scandant des slogans devenus emblématiques de la révolte : « Femme, Vie, Liberté », « Vive l’Iran libre ! », « Nous luttons, nous mourons, nous n’acceptons aucune humiliation ! » et « Mort au dictateur ! ».
Soudain, des dizaines d’agents en civil et des Bassidjis ont chargé la foule. Selon les témoignages de sa famille, de sa fondation et de plusieurs vidéos vérifiées filmées par les participants, Narges Mohammadi a été frappée à coups de matraque sur les jambes, tirée par les cheveux, traînée sur plusieurs mètres au sol, puis jetée violemment dans un fourgon.
Au moins dix à douze autres activistes ont été arrêtés simultanément, parmi lesquels Sepideh Gholian (journaliste et militante ouvrière), Pouran Nazemi, Hasti Amiri, Noura (Nora) Haghi, Ali Adinezadeh, Alieh Motalebzadeh et plusieurs autres membres de la société civile. Le frère du défunt avocat, Javad Alikordi, a lui aussi été arrêté quelques heures plus tard sur son lieu de travail à Téhéran.
L’état de santé de Narges Mohammadi, 53 ans, est extrêmement préoccupant. Elle bénéficiait d’une liberté provisoire médicale depuis décembre 2024, après une opération à la jambe et en raison de graves problèmes cardiaques et pulmonaires causés par des années de détention dans des conditions inhumaines, notamment à la prison d’Evin. Ses médecins avaient recommandé un minimum de six mois supplémentaires hors de prison. Sa famille et le Free Narges Coalition craignent pour sa vie si elle est renvoyée immédiatement en détention.
Du côté officiel iranien, le gouverneur de la province du Khorassan-e Razavi, Hassan Hosseini, a reconnu des arrestations pour « troubles à l’ordre public et slogans contraires aux normes de la République islamique », sans jamais nommer Narges Mohammadi. À ce jour, aucune communication officielle du pouvoir judiciaire ou du ministère de l’Intérieur n’a été publiée.
La communauté internationale a réagi avec indignation. Le Comité Nobel norvégien a publié un communiqué exceptionnel, exigeant « la libération immédiate et inconditionnelle de Narges Mohammadi et de tous les détenus d’hier », et appelant à ce que son sort soit clarifié sans délai et sa sécurité garantie. Amnesty International a dénoncé « un nouveau chapitre de la guerre déclarée par le régime contre les défenseurs des droits humains », tandis que Human Rights Watch, Reporters sans frontières, Iran Human Rights et le Center for Human Rights in Iran ont lancé des appels coordonnés à la libération immédiate de Mohammadi. Son avocate française, Chirinne Ardakani, a déclaré : « Ils veulent la faire taire à tout prix, même au prix de sa vie ». Plusieurs gouvernements, dont la France, l’Allemagne, la Norvège, le Canada et les États-Unis, ont également publié des communiqués de condamnation.


























