En ce 25 décembre 2025, jour de Noël, les marchés pétroliers sont fermés, comme c’est la tradition pour les principales bourses énergétiques (NYMEX pour le WTI et ICE pour le Brent). Les derniers cours de clôture datent donc de la veille, le mercredi 24 décembre, une séance écourtée en raison de la veille de Noël, marquée par des volumes d’échanges réduits et une volatilité limitée. Le baril de Brent, référence européenne, a terminé en légère baisse de 0,2 % à 62,24 dollars, tandis que le West Texas Intermediate (WTI), référence américaine, a cédé 0,05 % pour clôturer à 58,29 dollars. Ces niveaux reflètent une stabilisation après une série de six séances consécutives de hausse, avec un gain cumulé d’environ 6 % depuis les plus bas pluriannuels touchés le 16 décembre.
Cette relative fermeté des cours s’explique principalement par des tensions géopolitiques persistantes, qui injectent une prime de risque sur le marché. Du côté du Venezuela, l’administration Trump a intensifié sa pression sur le régime de Nicolás Maduro en ordonnant un blocus naval des pétroliers sanctionnés entrant ou sortant du pays. Plusieurs saisies ont eu lieu ces dernières semaines : un supertanker au début du mois, suivi de deux autres, et même une tentative d’interception supplémentaire rapportée récemment. Bien que les exportations vénézuéliennes ne représentent qu’environ 1 % de l’offre mondiale, elles constituent une source de revenus cruciale pour Caracas. Plus d’une douzaine de tankers chargés attendent actuellement des instructions, perturbant les flux vers la Chine principalement. Washington accuse le Venezuela de financer le « narcoterrorisme », tandis que Caracas dénonce une « extorsion » historique.
Parallèlement, le conflit russo-ukrainien continue d’alimenter les inquiétudes sur l’approvisionnement. Les attaques ukrainiennes par drones ont visé à plusieurs reprises des infrastructures énergétiques russes, endommageant des tankers de la « flotte fantôme » (utilisée pour contourner les sanctions), des installations portuaires sur la mer Noire et même un tanker en Méditerranée. En riposte, la Russie a frappé des ports ukrainiens comme Odessa. Ces échanges ont réduit les exportations russes et kazakhes via certains pipelines, ajoutant une couche d’incertitude. Des analystes estiment que ces disruptions, combinées aux sanctions renforcées, pourraient resserrer l’offre à court terme.
Cependant, ces facteurs haussiers sont contrebalancés par des fondamentaux baissiers solides. Les données de l’American Petroleum Institute (API) publiées en fin de semaine dernière ont révélé une hausse surprise des stocks américains : +2,39 millions de barils de brut, +1,39 million pour l’essence et +685 000 pour les distillats. Cela signale une demande modérée, malgré une économie américaine robuste (croissance du PIB au troisième trimestre la plus forte en deux ans, portée par la consommation et les exportations). L’Agence internationale de l’énergie (AIE) et d’autres observateurs anticipent un excédent massif d’offre en 2026, avec une production OPEP+ et hors OPEP en forte hausse, tandis que la demande mondiale ne progresserait que modestement (environ 830 kb/j en 2025, puis 860 kb/j en 2026).
Sur l’année 2025, le bilan est clairement négatif : le Brent a perdu environ 16 % depuis janvier, et le WTI près de 18 %, marquant la plus forte baisse annuelle depuis la crise du Covid en 2020. Les prix flirtent avec des niveaux inédits depuis quatre ans, reflétant un marché surabondant, avec des stocks flottants records (plus de 1,3 milliard de barils en mer selon certains trackers). Les marges de raffinage restent élevées pour certains produits comme le diesel, mais la courbe des futurs décourage le stockage, pesant sur les cours spot.
À plus long terme, les prévisions restent prudentes. Trading Economics anticipe un Brent autour de 60-66 dollars en 2026, tandis que l’AIE revoit légèrement à la baisse la croissance de l’offre non-OPEP. Les incertitudes géopolitiques – évolution des sanctions, négociations russo-ukrainiennes, ou même une potentielle détente si un accord de paix émerge – pourraient faire basculer la balance. Pour l’instant, le marché semble condamné à une volatilité modérée, avec un biais baissier structurel.
En cette période de fêtes, les consommateurs en profitent, les prix à la pompe aux États-Unis sont tombés sous les 3 dollars le gallon en moyenne, au plus bas depuis 2021, allégeant le budget des ménages pour les déplacements holiday. Mais pour les producteurs, notamment les pays sanctionnés ou dépendants comme la Russie et le Venezuela, la situation est plus précaire, avec des revenus en chute libre.
Le marché pétrolier, miroir des tensions mondiales et des dynamiques économiques, illustre parfaitement cette fin 2025 : des soutiens géopolitiques éphémères face à un excédent inexorable. La reprise des échanges après Noël, potentiellement avec les données officielles de l’EIA (reportées au lundi 29 décembre en raison des fêtes), pourrait donner de nouveaux indices. D’ici là, le pétrole somnole, comme le monde en cette journée de célébration.


























