Les marchés pétroliers terminent l’année sur une note paradoxale. Ce vendredi 26 décembre 2025, les cours du brut enregistrent une progression modeste, portée par un regain de tensions géopolitiques impliquant deux producteurs majeurs de l’OPEP, le Venezuela et le Nigeria. Une embellie fragile toutefois, qui ne parvient pas à masquer une année profondément baissière. Pour les pays fortement dépendants des hydrocarbures, au premier rang desquels l’Algérie, cette dynamique confirme la vulnérabilité persistante des équilibres économiques face à un marché mondial structurellement surabondant.
En début de séance, le Brent de la mer du Nord, référence européenne, oscille entre 62,30 et 62,40 dollars le baril, en hausse limitée de 0,1 à 0,3 %. Le WTI américain évolue autour de 58,40 dollars. Cette timide progression prolonge un rebond hebdomadaire de plus de 3 %, le plus marqué depuis octobre, nourri par une accumulation de risques géopolitiques en cette fin d’année. Mais pour l’Algérie, ces niveaux de prix demeurent inférieurs aux seuils nécessaires pour garantir un confort budgétaire durable et une reconstitution rapide des marges financières.
Le Venezuela concentre une nouvelle fois l’attention des marchés. L’administration Trump a durci sa stratégie de pression économique contre Caracas en renforçant la « quarantaine » visant les exportations pétrolières sous sanctions. Les forces américaines ont été chargées d’intensifier l’interception des tankers soupçonnés de transporter du brut vénézuélien, avec déjà plusieurs saisies signalées en décembre. Si le pétrole vénézuélien ne représente qu’une fraction limitée de l’offre mondiale, cette stratégie vise à priver le régime de Nicolás Maduro de ressources vitales, sans basculer dans une confrontation militaire directe. Pour l’OPEP, dont l’Algérie est un membre influent mais contraint, ces sanctions unilatérales compliquent davantage la gestion collective de l’offre.
Parallèlement, le Nigeria, autre pilier africain de l’OPEP, a ravivé les inquiétudes sécuritaires. Le 25 décembre, les États-Unis ont mené, à la demande du gouvernement nigérian, des frappes aériennes contre des camps de l’État islamique (ISIS) dans l’État de Sokoto, au nord-ouest du pays. Bien que les principaux gisements pétroliers nigérians soient situés dans le delta du Niger, loin des zones ciblées, ces opérations alimentent les craintes d’une instabilité chronique dans un pays clé pour l’approvisionnement mondial. Pour l’Algérie, ces fragilités africaines soulignent à la fois l’importance stratégique du continent dans l’OPEP et l’impossibilité de compter durablement sur les seules tensions sécuritaires pour soutenir les prix.
Ces facteurs géopolitiques s’ajoutent à un environnement déjà lourd, marqué notamment par les attaques ukrainiennes contre des infrastructures énergétiques russes, incluant raffineries et tankers de la « flotte fantôme ». Pourtant, malgré ce faisceau de risques, les marchés restent dominés par des fondamentaux robustes : une offre abondante et une demande mondiale insuffisamment dynamique pour absorber les volumes disponibles.
C’est là que réside le cœur du problème pour l’Algérie. Les producteurs non membres de l’OPEP — États-Unis, Brésil, Guyana — continuent d’accroître leur production, affaiblissant l’efficacité des mécanismes de régulation collective. Dans le même temps, la demande mondiale progresse à un rythme modéré, loin de justifier une remontée durable des cours. Cette configuration limite sévèrement la capacité d’Alger à capitaliser sur sa rente énergétique, malgré les efforts répétés pour défendre une discipline accrue au sein de l’OPEP+.
Ainsi, l’année 2025 s’achève sur un constat sévère. Le Brent affiche une baisse annuelle estimée entre 15 et 16 %, tandis que le WTI recule de 17 à 18 %, des chutes parmi les plus marquées depuis la crise du Covid-19 en 2020. Pour l’Algérie, cette évolution se traduit par une pression accrue sur les recettes d’exportation, une fragilisation des équilibres budgétaires et une dépendance persistante aux arbitrages de l’OPEP+ pour contenir les effets d’un marché défavorable.
En cette période de fêtes, marquée par des volumes d’échanges réduits, les marchés pétroliers restent vigilants. Une escalade au Venezuela ou une dégradation sécuritaire majeure au Nigeria pourrait raviver la volatilité à court terme. Mais la tendance de fond demeure inchangée : un marché largement approvisionné, où chaque tentative de rebond se heurte à l’excédent structurel. Pour l’Algérie, l’année 2026 s’annonce déjà comme un test crucial, à la fois pour la crédibilité de l’OPEP+ et pour la capacité du pays à repenser, au-delà des hydrocarbures, les fondements de sa résilience économique.



























