Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Dr Youcef Belmehdi, a appelé ce mardi à établir des règles juridiques et éthiques pour l’utilisation des technologies de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine des fatwas. Cette déclaration a été faite en marge de sa participation au 10e Congrès mondial de l’Iftâ, organisé par la Maison de l’Iftâ égyptienne et le Secrétariat général des institutions et organes de l’Iftâ dans le monde, sous le thème : « La formation du mufti avisé à l’ère de l’intelligence artificielle ».
Selon un communiqué du ministère, la session d’ouverture a vu la présence notable de hauts responsables de l’État égyptien, de représentants de missions diplomatiques, de grands savants, muftis et ministres de plus de 70 pays. Le ministre a souligné les transformations technologiques mondiales et l’intégration des applications de l’IA dans le conseil religieux et les fatwas, mettant en avant les opportunités qu’offre cette révolution pour améliorer l’efficacité et la rapidité de l’accès à l’information, tout en notant les défis juridiques et éthiques qu’elle pose, nécessitant prudence et régulation.
Il a insisté sur le fait que, malgré ses grandes capacités, l’IA ne peut remplacer l’esprit humain du mufti, doté des outils de l’ijtihad, de la compréhension des finalités de la charia et de la perception des complexités de la réalité humaine. Le mufti avisé, selon lui, combine authenticité et modernité, armé de savoir, de piété et d’une conscience des transformations sociales, culturelles et technologiques. Dr Belmehdi a appelé à établir des cadres juridiques et éthiques pour l’usage de l’IA dans les fatwas, notamment un contrôle scientifique continu par des savants, la transparence, la responsabilité, le respect de la diversité jurisprudentielle et la sensibilisation des sociétés à l’importance de consulter des savants fiables.
Il a également affirmé que le mufti avisé n’est pas seulement un gardien des textes ou un transmetteur de jugements, mais un savant maîtrisant la charia, conscient de la réalité, compétent dans les outils modernes et capable de produire des fatwas fondées, avisées et fiables, favorisant le bien et écartant le mal. L’introduction de l’IA dans le domaine des fatwas marque une étape décisive dans l’évolution des outils contemporains, grâce à des bases de données contenant des millions de fatwas et d’opinions juridiques antérieures.
Le ministre a également souligné la nécessité pour les institutions religieuses et d’iftâ de revoir le profil du mufti en termes de formation, de fonction et de responsabilité face aux avancées technologiques et aux transformations globales. Le congrès de la Maison de l’Iftâ égyptienne aborde une problématique centrale : la rationalisation des fatwas dans un environnement numérique dominé par l’IA, en intégrant charia et technologie, en formant des muftis maîtrisant l’IA tout en respectant les principes fondamentaux, et en adoptant la technologie pour gérer et archiver les données des fatwas.
Dr Belmehdi a mis en lumière les défis scientifiques, méthodologiques et éthiques liés à l’IA dans les fatwas, notamment l’incapacité des machines à comprendre les contextes humains, les difficultés à appliquer l’esprit des textes et l’absence d’un raisonnement basé sur les finalités de la charia. Il a également noté la rupture du lien éducatif entre le mufti et le demandeur. Pour lui, le mufti à l’ère de l’IA doit être un gardien de la pensée juridique, conscient des défis technologiques et capable de distinguer ce qui est adapté ou non à l’usage.
Il a insisté sur le fait que le mufti avisé est une nécessité juridique et sociétale dans l’ère de la mondialisation numérique, contribuant à la paix sociale, à la sécurité intellectuelle et à la connaissance religieuse éclairée. Parmi les rôles du mufti, il a cité la vérification des sources avant d’émettre une fatwa, la correction proactive des erreurs, l’élargissement de l’accès aux publics et la protection intellectuelle via des programmes éducatifs et la surveillance des fatwas numériques erronées. Le ministre a conclu que la réalité actuelle impose d’adopter et d’orienter la technologie pour en tirer le meilleur parti, tout en surmontant les défis par des règles strictes, comme la révision humaine des fatwas générées par l’IA, l’utilisation de sources fiables et la protection des données personnelles.
