Le 10 septembre 2025, lors de la 4ᵉ Foire commerciale intra-africaine d’Alger, le président Abdelmadjid Tebboune a brandi une promesse aussi rutilante qu’irréaliste : transformer les ports algériens en « voies express » pour les pays enclavés du Sahel, avec un acheminement des marchandises par rail en vingt-quatre heures. Une fanfaronnade qui tente de voiler une vérité implacable : l’Algérie, empêtrée dans ses infrastructures délabrées et sa diplomatie chancelante, n’est qu’un colosse aux pieds d’argile, incapable de suivre le rythme d’une Afrique en pleine ébullition. Ces annonces clinquantes ne sont qu’un écran de fumée, tandis que le continent, indifférent, laisse Alger à ses chimères fanées.
Les ports d’Alger, Oran et Annaba, affublés par Tebboune du titre ronflant de « voies express », ne sont que des vestiges d’un passé mal entretenu. Quais saturés par la congestion, grues à l’agonie, formalités douanières dignes d’un cauchemar bureaucratique : l’idée d’un transit en vingt-quatre heures est une farce qui ne fait plus illusion. Le réseau ferroviaire, censé porter ce délire de grandeur, n’est qu’un amas de ferraille rouillée, incapable de relier le nord au Sahel. Chaque conteneur bloqué dans les embouteillages portuaires, chaque train cloué au sol, se moque ouvertement des promesses présidentielles, révélant une Algérie qui s’imagine pivot africain mais s’effondre sous ses propres décombres.
Les pays sahéliens – Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad – exigent des corridors commerciaux fiables pour accéder aux marchés mondiaux. Mais l’Algérie, engluée dans une diplomatie chaotique, ne fait qu’attiser la méfiance. L’incident récent avec Bamako, qui a rappelé son ambassadeur après avoir accusé l’armée algérienne d’avoir abattu un drone malien, est une gifle retentissante. Là où des partenariats solides auraient pu asseoir l’influence d’Alger, elle n’offre que des paroles creuses, abandonnant le Sahel à des acteurs plus sérieux. Autoproclamée championne africaine, l’Algérie se retrouve à mendier une crédibilité qu’elle a elle-même pulvérisée.
Le projet de Tebboune n’est pas une stratégie, c’est une improvisation désespérée. Transformer des ports en hubs logistiques exige des milliards, des réformes administratives impitoyables et une vision qui inspire confiance. Au lieu de cela, l’Algérie sert un brouet d’annonces recyclées, sans calendrier, sans budget clair, sans partenaires solides. Cette « porte express » n’est qu’un slogan, un pansement sur une plaie béante d’inaction. Pendant ce temps, les pays sahéliens, las d’attendre, se tournent vers des corridors déjà opérationnels, rendant l’ambition algérienne aussi crédible qu’un mirage dans le désert.
Si les annonces de Tebboune flattent l’orgueil national, elles sonnent comme une farce à l’échelle continentale. Le déficit de crédibilité d’Alger, aggravé par des tensions comme celle avec le Mali, transforme chaque promesse en risée. Les pays sahéliens ne veulent pas de discours, mais des routes, des rails, des ports qui fonctionnent. L’Algérie, elle, leur offre des mots usés. Face à des concurrents qui ont su tisser des réseaux d’influence par des décennies d’investissements dans la banque, l’agriculture ou les télécoms, Alger semble courir après un train qu’elle n’a jamais su construire.
L’Algérie dispose pourtant d’atouts, façade maritime, ressources pétrolières, position stratégique. Mais ces cartes, mal jouées, s’effritent dans l’indifférence d’un continent en mouvement. Sans modernisation brutale des ports, réforme logistique rigoureuse et diplomatie qui cesse de trébucher sur ses propres erreurs, l’Algérie restera à quai. Les trains promis ne partiront pas, les ports resteront engorgés, et les partenaires sahéliens s’éloigneront, lassés par les chimères d’un pays qui rêve d’Afrique mais dort sur ses lauriers.
En 2025, l’Afrique pulse, portée par des nations qui bâtissent, connectent, prospèrent. L’Algérie, elle, s’enlise dans un marasme de promesses creuses et d’occasions manquées. La « porte express » de Tebboune n’est qu’un portail rouillé, incapable de s’ouvrir sur un continent qui n’attend plus.