Les prix du pétrole ont clôturé la semaine en nette baisse, freinés par les anticipations d’un excédent d’offre en 2026, malgré plusieurs tensions géopolitiques qui ont brièvement soutenu les cours. Dans ce climat d’incertitude, les investisseurs arbitrent entre risques immédiats et perspectives structurelles d’abondance, renforçant la volatilité sur les marchés.
Le Brent de la mer du Nord pour livraison en février a terminé vendredi à 68,92 dollars le baril, en recul de 2,6 % sur la séance et de plus de 5 % sur la semaine. Le WTI américain pour janvier a suivi la même tendance, tombant à 66,18 dollars, soit une baisse quotidienne de 2,5 % et hebdomadaire d’environ 5,5 %. Quelques reprises intraday, motivées par des mouvements techniques et des achats à bon compte, n’ont pas suffi à enrayer la tendance baissière.
Cette dynamique est largement alimentée par les anticipations d’un marché excédentaire dès 2026. En relevant progressivement ses quotas dès janvier, l’OPEP+ a clairement privilégié la défense de ses parts de marché plutôt qu’un soutien actif aux prix. Comme le souligne Amrita Sen (Energy Aspects) : « L’OPEP+ s’inscrit dans une stratégie de long terme, quitte à accentuer la pression sur les cours à court terme. »
La hausse continue de l’offre hors OPEP+, portée par les États-Unis, le Brésil, le Guyana et le Canada, devrait injecter plus d’1,3 million de barils/jour supplémentaires l’an prochain, renforçant la pression baissière. Les divergences entre institutions internationales entretiennent par ailleurs la nervosité : l’AIE prévoit un excédent mondial de 3,8 millions de barils/jour en 2026, alors que l’OPEP anticipe un marché proche de l’équilibre grâce à la demande des économies émergentes. À cela s’ajoute la hausse des stocks américains cette semaine (+3,2 millions de barils), signalant un ralentissement de la demande aux États-Unis en cette fin d’année.
Sur le front géopolitique, les signaux d’apaisement en Ukraine ont réduit la prime de risque intégrée dans les cours depuis 2022. Les pourparlers indirects entre Moscou et Kiev, sous médiation turque et qatarie avec implication américaine, ont repris cette semaine à Doha et Miami, laissant entrevoir un possible cessez-le-feu au premier semestre 2026. Certains analystes estiment qu’un accord durable pourrait ramener le WTI autour de 55 dollars, renforçant la perspective baissière.
Plusieurs chocs géopolitiques ont cependant soutenu brièvement les cours. Les États-Unis ont arraisonné un pétrolier vénézuélien transportant 1,8 million de barils de brut Merey, signalant un durcissement des sanctions contre Caracas. Kiev a revendiqué une attaque de drones contre la plateforme Filanovsky de Lukoil en mer Caspienne, interrompant 120 000 barils/jour et menaçant les flux du Caspian Pipeline Consortium. Malgré les sanctions, les exportations russes sont restées élevées en novembre (+1,2 %), grâce à leur réorientation vers l’Asie, limitant l’impact réel de ces tensions sur l’offre mondiale.
À moyen terme, les opérateurs anticipent un surplus structurel en 2026, alimenté par la hausse de la production OPEP+, la vigueur de l’offre non-OPEP+ et une demande affaiblie par l’électrification des transports et un ralentissement économique mondial. Comme le résume Tamas Varga (PVM Oil Associates) : « Sans gel de la production OPEP+ ou rupture majeure dans les négociations ukrainiennes, le chemin de moindre résistance reste clairement baissier. »
Tous les regards se tournent désormais vers la réunion ministérielle de l’OPEP+ du 1er février 2026. Un éventuel virage stratégique – gel, réduction ou révision des quotas – pourrait stabiliser les prix, mais les signaux envoyés jusqu’ici restent prudents.


























