Jeudi matin, l’annonce tapageuse d’une supposée « déclaration de guerre » de Donald Trump contre le Venezuela a brièvement électrisé les marchés. Les investisseurs attendaient avec impatience le discours à la nation du président américain.
Pourtant, après s’être longuement vanté, le président américain n’a pas mentionné le Venezuela une seule fois durant son discours.Dès la fin de son intervention, le prix du pétrole a effacé le dollar de hausse enregistré à l’ouverture,
Dans les échanges, le Brent pour livraison en février a progressé de 0,7 %, à environ 60,8 dollars le baril, tandis que le WTI américain a gagné 0,8 %, à 56,39 dollars. Au final, ces turbulences géopolitiques n’auront provoqué qu’un rebond modeste, confirmant la fragilité d’un marché dominé avant tout par une surabondance persistante de l’offre mondiale.
Bien que Donald Trump n’ait pas formellement déclaré la guerre, la pression croissante exercée par Washington constitue néanmoins un défi majeur pour les exportations de pétrole vénézuéliennes. Selon plusieurs sources, la capacité de chargement des pétroliers en attente dans les principaux terminaux et installations de stockage du pays augmente rapidement et pourrait atteindre la saturation d’ici une dizaine de jours. Une telle situation contraindrait la compagnie nationale PDVSA, dont la production avoisine un million de barils par jour, à fermer certains puits afin de faire face à l’accumulation de brut invendu.
Par ailleurs, la marine vénézuélienne escorte plusieurs pétroliers au large de la côte est du pays, une initiative que les États-Unis surveillent de près et à laquelle ils envisagent de répondre par des contre-mesures. Washington a d’ailleurs franchi un nouveau seuil en qualifiant explicitement le gouvernement Maduro d’« organisation terroriste ». Si cette escalade est appelée à perturber le marché, les analystes estiment toutefois qu’après une phase d’ajustement, l’impact sur les prix restera limité, sans déclencher de hausse significative.
Sur un autre front, les États-Unis poursuivent des contacts séparés avec l’Ukraine et la Russie, les discussions avec Moscou étant jugées particulièrement déterminantes. L’administration américaine avait précédemment évoqué la possibilité de durcir les sanctions contre la Russie en cas de non-coopération. Ces facteurs géopolitiques, combinés à une offre excédentaire, ont de nouveau attiré l’attention des marchés ces derniers jours, maintenant les prix du pétrole près de leurs plus bas niveaux annuels.
Certes, les tensions géopolitiques peuvent offrir aux prix du brut l’occasion de libérer une demande refoulée et de provoquer un rebond technique. Toutefois, il est peu probable qu’elles inversent la tendance baissière de fond à court terme. La pression exercée par l’excédent d’offre demeure le principal moteur des fluctuations du marché pétrolier. Dans ce contexte, les prix restent très sensibles aux annonces politiques, rendant la gestion du timing cruciale pour les investisseurs.
Les responsables et analystes du secteur soulignent que la surabondance actuelle de l’offre mondiale, conjuguée à des prix du pétrole proches de leurs plus bas niveaux depuis cinq ans, ne crée pas un environnement propice à la prise de risque. Dans ces conditions, les compagnies pétrolières internationales demeurent réticentes à engager des investissements lourds dans les infrastructures vénézuéliennes, largement vétustes et nécessitant des capitaux considérables pour être modernisées, d’autant plus dans un contexte d’incertitude politique et de pression accrue des sanctions américaines.
Face à la menace brandie par Donald Trump d’un « blocus maritime total » du Venezuela, appuyée par le déploiement de nombreux navires de guerre visant à assécher les revenus pétroliers du régime de Caracas, le président Nicolás Maduro a adopté un ton de défi. Il a juré de poursuivre les exportations de brut, tout en dénonçant les actions américaines comme un « acte de piraterie internationale ». De leur côté, les États-Unis semblent privilégier une stratégie de « pression progressive », combinant durcissement des sanctions, saisies ciblées de pétroliers et démonstrations de force navale, dans l’objectif affiché de contraindre Nicolás Maduro à quitter le pouvoir, sans provoquer de choc majeur sur le marché mondial du pétrole.


























