Le président français Emmanuel Macron, immédiatement après avoir quitté le Liban, s’est rendu mercredi 2 septembre en Irak pour rencontrer son homologue de Bagdad, Barham Salih. L’objectif de la visite est de montrer le soutien de Paris et sa volonté d’aider l’Irak à faire face aux plus grands défis du pays, en particulier ceux contre le terrorisme et les combattants de l’État islamique (Isis). « Nous sommes ici et continuerons de soutenir l’Irak », a déclaré le président français lors d’une conférence de presse à Bagdad.
Macron est le premier chef d’État à se rendre dans la capitale irakienne depuis que le Premier ministre, Moustafa al-Kazimi, ancien chef du renseignement, a formé un nouvel exécutif et a pris la relève le 7 mai. « Toute intervention étrangère peut saper les efforts de votre gouvernement », a déclaré le président de Paris s’adressant à la nation du Moyen-Orient. « Les responsables irakiens doivent continuer à partager une vision qui vise à restaurer » la souveraineté de l’Irak « , a-t-il ajouté, précisant qu’il s’agit » d’une entreprise très importante non seulement pour Bagdad, mais aussi pour toute la région « . « Je voudrais réaffirmer que la France soutient pleinement l’Etat et les institutions irakiennes », a-t-il conclu.
La visite de Macron, qui intervient quelques jours seulement après celle de la ministre française de la Défense, Florence Parly, le 27 août, était organisée, selon certaines sources, dans le but de «lancer une initiative française, aux côtés des Nations unies, soutenir le processus d’affirmation de la souveraineté ». Le voyage intervient au milieu d’une grave crise économique et de la pandémie de coronavirus, qui, comme dans d’autres pays de la région et au-delà, a mis à rude épreuve l’économie et la politique irakiennes. Outre le président Salih, Macron prévoit également de rencontrer le Premier ministre al-Kazimi et le président de la région nord semi-autonome kurde, Nechirvan Barzani.
la visite de Macron représente une « étape importante », surtout parce que l’Irak est coincé entre deux alliés, les États-Unis et l’Iran, qui sont pourtant en conflit ouvert entre d’eux. Al-Kazimi, comme les précédents dirigeants irakiens, doit marcher sur la corde raide en veillant à ne pas perturber l’équilibre dans la rivalité entre Washington et Téhéran. Le néoprémier s’est rendu aux États-Unis le mois dernier, où il s’est entretenu et s’est entretenu avec le président américain Donald Trump. al-Kazimi a déclaré que son pays était déterminé à introduire des réformes majeures dans le secteur de la sécurité alors que des groupes de milices armées lancent des attaques presque quotidiennes contre les cibles de son gouvernement.
Paris a alloué environ un milliard d’euros à la réalisation de projets, principalement infrastructurels, en Irak dans les secteurs des transports, de l’énergie et des ressources en eau. Dans le même temps, le 16 juillet, le gouvernement français s’est également engagé à allouer environ 300 000 euros pour soutenir Bagdad dans la lutte contre la pandémie Covid-19, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Les fonds seront utilisés pour l’achat de ventilateurs, d’engins de sauvetage et d’autres dispositifs pour l’hôpital universitaire de Bassorah, ainsi que pour la construction d’installations destinées à isoler les patients infectés et à renforcer les capacités du personnel médical. Les autres villes qui bénéficieront des fonds français seront Anbar, Babel, Dhi Qar, Diyala, Dohuk, Karbala, Kirkouk, Missan, Najaf, Ninewa et Salah Al-Din. Au total, depuis 2015, Paris a alloué 7,8 millions de dollars au PNUD en Iraq.
Les relations entre Paris et Bagdad se sont renforcées notamment en ce qui concerne la lutte contre l’État islamique. Cependant, le 25 mars, le général de division Abdul-Karim Khalaf, porte-parole du commandement général des forces armées irakiennes, a déclaré que les troupes françaises quittaient le territoire irakien et la coalition internationale, sur la base d’accords conclus avec le gouvernement de Bagdad. La décision de retirer les troupes françaises est venue à la suite des inquiétudes suscitées par la pandémie de coronavirus, ainsi que des tensions entre Washington et Bagdad sur le sol irakien.