Des coups de feu ont été entendus dans la matinée de dimanche 23 janvier, près d’un camp militaire dans la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou. La veille, le 22 janvier, le pays africain a été le théâtre de violentes manifestations, au cours desquelles la démission du président Roch Marc Christian Kaboré a été demandée.
Des sources militaires rapportent que les coups de feu ont été entendus dans un premier temps, à partir de 01h00 heure locale, depuis la base de Sangoule Lamizana, qui abrite l’équipe du général d’armée et une prison où sont détenus des militaires impliqués dans la tentative de coup d’Etat en 2015. Des riverains ont alors évoqué une intensification des tirs, qui toucherait également d’autres casernes de la capitale. En parallèle, un témoin oculaire a déclaré que les tirs se sont poursuivis jusqu’à 07h30, tandis que des militaires ont été vus tirer en l’air depuis le camp militaire.
Jusqu’à présent, aucune autre information n’a été divulguée concernant l’incident. Pourtant, les autorités des pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre sont en état d’alerte depuis des mois, suite aux coups d’État réussis au Mali et en Guinée et après que les forces armées ont réussi à prendre le relais au Tchad. Les autorités burkinabés elles-mêmes ont arrêté des dizaines de militaires depuis début janvier 2022, les accusant de conspirer contre le gouvernement. A ce propos, le 11 janvier, l’Auditorat militaire a déclaré avoir reçu des informations sur « un projet de déstabilisation des institutions de la République » de la part d’un groupe de militaires, dont fait également partie le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, défini comme un officier prometteur de l’armée. Les arrestations ont fait suite à des changements au sein de la direction militaire en décembre dernier, que certains analystes ont perçus comme un effort du président Roch Kaboré pour obtenir plus de soutien de l’armée.
Cependant, le 22 janvier, les manifestants se sont retrouvés confrontés à la répression des forces de sécurité, qui ont utilisé des gaz lacrymogènes pour réprimer les manifestations. Les citoyens, pour leur part, ont érigé des barricades et jeté des pierres sur les forces de l’ordre, tout en criant des slogans réclamant la démission du président Kaboré. « Les djihadistes frappent le pays, des gens meurent, d’autres fuient leur foyer. Nous voulons que Roch et son gouvernement se retirent parce que leur gestion du pays n’est pas bonne. Nous ne les soutiendrons jamais », a déclaré un manifestant. D’autres citoyens ont déclaré être descendus dans la rue pour montrer leur solidarité avec le Mali voisin, sous réserve des sanctions imposées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).