C’est une image inédite dans l’histoire de la République : Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, a été équipé ce vendredi 7 février d’un bracelet électronique à son domicile, une conséquence directe de sa condamnation définitive dans l’affaire des écoutes.
L’affaire des écoutes, également connue sous le nom de l’affaire « Bismuth », avait conduit Nicolas Sarkozy devant les tribunaux pour corruption et trafic d’influence. En mai 2023, il avait été reconnu coupable d’avoir tenté d’obtenir illégalement des informations auprès d’un magistrat de la Cour de cassation, Gilbert Azibert, via son avocat et proche conseiller, Thierry Herzog. En échange, ce dernier lui aurait promis d’intervenir pour lui obtenir un poste prestigieux à Monaco.
Après plusieurs années de recours judiciaires, la Cour de cassation a rejeté son pourvoi le 18 décembre 2024, rendant la peine définitive. Nicolas Sarkozy a alors été condamné à trois ans de prison, dont un an ferme, aménageable sous bracelet électronique.
Selon les modalités définies par le juge d’application des peines (JAP), l’ancien chef de l’État ne pourra quitter son domicile qu’à certaines heures précises. Ces restrictions ont été fixées après une audition le 28 janvier dernier, où Nicolas Sarkozy a été informé des conditions de son placement sous surveillance électronique.
Un agent de l’administration pénitentiaire s’est rendu à son domicile pour lui poser le bracelet électronique à la cheville, un dispositif discret mais strictement contrôlé, qui signale toute infraction aux horaires imposés. Ce mode d’aménagement de peine est généralement accordé pour éviter l’incarcération aux personnes condamnées à de courtes peines, notamment celles jugées non dangereuses pour la société.
Toute violation des conditions (comme une sortie en dehors des horaires autorisés) pourrait entraîner un retour en prison ferme pour l’ancien président.
Cette sanction marque une première pour un ancien président de la République française. Si d’autres figures politiques de premier plan ont déjà été condamnées par le passé (Jacques Chirac, François Fillon, etc.), aucun n’avait encore été soumis à une mesure de surveillance électronique.
L’entourage de Nicolas Sarkozy a choisi de ne pas commenter l’événement, tandis que son avocate, Jacqueline Laffont, a simplement déclaré : « La procédure suit son cours, je n’ai aucun commentaire à faire ».
Sur le plan judiciaire, Nicolas Sarkozy reste sous pression. En effet, depuis le 6 janvier 2025, il est également jugé dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007, un dossier explosif où il est accusé d’avoir bénéficié de fonds occultes en provenance du régime de Mouammar Kadhafi. Ce procès, prévu jusqu’au 10 avril, pourrait à nouveau fragiliser son image et son avenir politique.
Bien que son bracelet électronique marque une humiliation pour un ancien président, Nicolas Sarkozy pourrait bénéficier d’une libération conditionnelle rapide. En effet, selon la loi française, les personnes âgées de plus de 70 ans (âge qu’il a atteint le 28 janvier 2025) peuvent demander un aménagement supplémentaire de peine, pouvant aller jusqu’au retrait du bracelet sous certaines conditions.
Il appartient désormais à son avocate de formuler cette demande auprès du juge, qui évaluera son comportement et son respect des obligations fixées par la justice.
Alors que ses avocats cherchent à obtenir un assouplissement de sa peine, l’ancien chef de l’État reste un homme sous pression. Son procès pour le financement libyen de 2007 pourrait déboucher sur une nouvelle condamnation, bien plus lourde cette fois-ci.
En attendant, Nicolas Sarkozy doit s’accommoder d’un quotidien limité et surveillé. Un coup dur pour celui qui, il y a encore quelques années, rêvait d’un retour triomphal sur la scène politique.