Londres/Paris, 6 juin 2025 – Les prix du pétrole fléchissent ce vendredi matin, pris en étau entre la stratégie tarifaire agressive de l’Arabie saoudite en Asie et un climat de méfiance grandissant en Europe. Les investisseurs, déjà ébranlés par les tensions commerciales sino-américaines, adoptent une posture attentiste à l’ouverture des marchés, en l’absence de signaux clairs sur la demande mondiale.
Dès l’ouverture européenne, les cours du West Texas Intermediate (WTI), référence américaine, reculaient à 62,43 dollars le baril, contre 62,65 dollars la veille. Même tendance pour le Brent de la mer du Nord, référence mondiale, qui cédait 0,18% à 64,83 dollars, confirmant une baisse continue observée depuis plusieurs jours.
« Les investisseurs surveillent avec une extrême prudence les indicateurs macroéconomiques et les dossiers géopolitiques chauds, notamment au Moyen-Orient et autour des négociations sur le nucléaire iranien », résume un analyste européen.
Le moteur principal de ce recul est à chercher du côté de l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole. Le royaume a décidé de réduire ses prix pour le brut à destination de l’Asie en juillet, atteignant ainsi leur niveau le plus bas depuis près de quatre ans.
Les acheteurs asiatiques paieront désormais une prime de seulement 1,2 dollar pour le brut Arab Light par rapport à la référence Oman/Dubaï — 20 cents de moins que le mois précédent.
« Ce geste révèle une demande asiatique plus faible qu’anticipé », explique Carsten Fritsch (Commerzbank). « La guerre commerciale sino-américaine et le ralentissement économique régional pèsent sur les importations. »
Cette manœuvre tarifaire vise à soutenir les parts de marché saoudiennes face à un environnement concurrentiel et incertain, tout en s’inscrivant dans le sillage de la politique d’ajustement de production de l’OPEP+ initiée en avril.
Sur le continent européen, la prudence domine en ce début de séance. L’incertitude autour de la demande mondiale en hydrocarbures est renforcée par l’attentisme des marchés financiers, déjà secoués par des facteurs exogènes : ralentissement économique américain, tensions entre Donald Trump et Elon Musk, et publications d’indicateurs d’emploi peu rassurants.
« Si les tensions géopolitiques s’aggravent ou si les données économiques déçoivent, la baisse des cours pourrait se prolonger », préviennent plusieurs analystes du secteur.
Les prochaines heures seront décisives pour l’orientation des prix, alors que les investisseurs attendent des signaux clairs de la part de la Fed, de Pékin et de Washington sur leurs politiques économiques respectives.
Malgré un ancrage apparent autour de 65 dollars pour le Brent, le marché pétrolier reste vulnérable. Selon Arne Lohmann Rasmussen (Global Risk Management), les tensions autour du dossier iranien pourraient relancer la volatilité, même si une fourchette entre 65 et 70 dollars est envisagée jusqu’à la fin de 2025.