Le mardi 3 juin 2025 restera une date historique pour la République de Corée. Lee Jae-myung, leader du Parti démocrate, a été élu président avec près de 49,5 % des voix, mettant fin à une période d’instabilité politique sans précédent, marquée notamment par la tentative de coup d’État de l’ancien président Yoon Suk-yeol en décembre 2024. Cette élection, tenue six mois après la déclaration de la loi martiale, symbolise une volonté forte du peuple sud-coréen de tourner la page et de reconstruire un pays confronté à des défis économiques, sociaux et géopolitiques majeurs.
Âgé de 61 ans, Lee Jae-myung est un homme politique au parcours atypique : issu d’une famille modeste, il a commencé sa carrière comme ouvrier avant de devenir avocat spécialisé dans la défense des droits de l’homme. Il a ensuite gravi les échelons politiques, d’abord comme maire de Seongnam, puis gouverneur de la puissante province de Gyeonggi, où il s’est fait connaître pour son pragmatisme et son engagement en faveur de la justice sociale. Cette image de réformateur déterminé a largement contribué à sa large victoire face à Kim Moon-soo, candidat du Parti du pouvoir populaire (PPP), crédité de 41,15 % des suffrages.
Le scrutin s’est déroulé dans un climat exceptionnel d’engagement citoyen : avec un taux de participation record de 79,4 %, le plus élevé depuis 1997, les Sud-Coréens ont clairement exprimé leur désir de changement et de renouveau démocratique. Lee Jae-myung a été officiellement confirmé président par la Commission électorale centrale et a immédiatement assumé les fonctions de chef de l’État et de commandant suprême des forces armées.
Dans son discours de victoire devant le Parlement, Lee a qualifié cette élection de « jour de jugement » contre l’imposition de la loi martiale par Yoon Suk-yeol, dénonçant l’échec de l’ancien gouvernement à protéger la démocratie. Il a souligné que sa première priorité serait de « réprimer de manière décisive toute rébellion et de garantir qu’il n’y aura plus jamais de coups d’État militaires où les armes seront tournées contre le peuple ». Un engagement fort adressé à une nation traumatisée par le chaos politique récent.
Sur le plan économique, Lee hérite d’un pays fragilisé par un ralentissement de la croissance, la montée des inégalités, ainsi que par la menace croissante du protectionnisme mondial. Il a promis de relancer l’économie en favorisant l’innovation, le soutien aux petites et moyennes entreprises, et en renforçant le filet de protection sociale pour faire face à la baisse du pouvoir d’achat. Ces mesures sont cruciales pour une population vieillissante et inquiète face aux incertitudes de l’avenir.
La politique étrangère du nouveau président pourrait également marquer un tournant. Lee devra jongler avec les alliances traditionnelles, notamment avec les États-Unis, tout en cherchant à apaiser les tensions avec la Chine et à ouvrir un dialogue constructif avec la Corée du Nord, dont les provocations militaires restent une menace constante pour la stabilité régionale.
Une cérémonie d’investiture simplifiée est prévue au Capitole, avant que Lee ne nomme son cabinet, avec un accent particulier sur le choix de son chef de cabinet, du Premier ministre et du directeur du Service national de renseignement, des postes clés pour assurer la stabilité politique et sécuritaire.